Le nouveau président modéré iranien Hassan Rohani a qualifié vendredi Israël de «blessure» au sein du monde musulman, provoquant une réaction immédiate du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, à la veille de sa prise de fonction.

«Dans notre région, une blessure a été créée depuis des années dans le corps du monde islamique sous l'ombre de l'occupation de la terre sacrée de Palestine et de notre cher Qods (Jérusalem)» par Israël, a déclaré M. Rohani selon les images diffusées par la télévision d'État.

Dans un premier temps, les agences Mehr et Isna avaient ajouté que le président Rohani avait également déclaré: «Et cette blessure doit disparaître» avant de corriger leurs dépêches, reconnaissant leur erreur.

«Cette journée est là pour rappeler que le peuple musulman n'oublie jamais son droit historique. Il ne l'oubliera pas et résistera toujours face à l'injustice et l'agression», a déclaré M. Rohani à l'occasion du défilé annuel de la Journée Al-Qods de solidarité avec les Palestiniens et contre Israël.

Faisant allusion à la relance cette semaine des négociations de paix entre Israël et l'Autorité palestinienne sous l'égide de Washington, M. Rohani a accusé par ailleurs «Israël de maintenir sa nature agressive».

Israël, ennemi numéro un de la République islamique d'Iran, a aussitôt réagi, M. Nétanyahou affirmant qu'avec ces propos le président iranien élu en juin montrait son «vrai visage».

«Le vrai visage de Rohani a été dévoilé plus tôt que prévu. Même si les Iraniens s'empressaient maintenant de nier ses propos, c'est ce qu'il pense, et c'est le plan d'action du régime iranien», a déclaré M. Nétanyahou.

«Ces déclarations du président iranien devraient sortir une partie du monde de l'illusion dans laquelle il est plongé depuis l'élection en Iran», poursuit M. Nétanyahou.

«Le président a changé en Iran mais pas le but du régime de fabriquer l'arme nucléaire afin de menacer Israël, le Proche-Orient et la paix et la sécurité du monde entier. Il ne faut pas laisser un pays qui menace Israël de destruction se doter d'une arme de destruction massive», ajoute-t-il.

M. Rohani soutenu par une coalition de modérés et réformateurs a remporté la présidentielle du 14 juin dernier face aux candidats conservateurs.

Il a prôné une politique «d'entente constructive avec le monde» sans céder sur les droits nucléaires de l'Iran accusé par Israël et l'Occident de vouloir se doter de l'arme atomique. Ce que Téhéran a toujours nié. M. Rohani a nommant rejeté lors de sa première conférence de presse une suspension de l'enrichissement d'uranium.

Un mois après l'élection présidentielle en Iran, M. Nétanyahou avait estimé que M. Rohani était «un loup déguisé en mouton» et qu'il ne fallait pas se tromper sur sa nature.

Avant de céder la place samedi, le président conservateur sortant Mahmoud Ahmadinejad s'en est lui aussi pris à Israël devant une foule de manifestants à Téhéran mobilisés pour la Journée de Jérusalem.

«Je vous informe, et Dieu m'est témoin, qu'une tempête dévastatrice va déraciner la base du sionisme», a-t-il dit. Israël «n'a pas de place dans cette région».

Téhéran ne reconnaît pas l'existence d'Israël et les responsables iraniens qualifient l'État hébreu de «régime sioniste illégitime».

La négation de l'Holocauste et le déni du droit d'Israël à l'existence sont régulièrement affirmés par les principaux dirigeants iraniens, dont le Guide suprême l'ayatollah Ali Khamenei. Durant ces deux mandats, M. Ahmadinejad a répété maintes fois qu'Israël serait «éliminé».

L'Iran organise des manifestations à l'occasion de la Journée Al-Qods, célébrée tous les ans depuis la révolution islamique de 1979 le dernier vendredi du mois de jeûne musulman du ramadan pour soutenir la cause palestinienne et dénoncer Israël.

Selon des images de la télévision, plusieurs centaines de milliers de personnes ont défilé à travers le pays scandant «Mort à Israël» et «Mort à l'Amérique».

Dans son discours, M. Ahmadinejad a accusé Israël et l'Occident de fomenter la discorde dans la région. «C'était leur rêve de voir les pays de la région déterminés à détruire (Israël, ndlr) détournés vers la guerre civile».

«Qui est content de ce qui se passe en Syrie et en Égypte?», a-t-il demandé en accusant l'État hébreu d'être enchanté par les troubles dans ces pays.