La ministre de la Justice israélienne Tzipi Livni, en charge des négociations de paix avec les Palestiniens, espère pouvoir conclure un dossier qu'elle avait fait avancer il y a cinq ans, lorsqu'elle détenait le portefeuille des Affaires étrangères.

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«Il y a eu de de longs mois de scepticisme et de cynisme», a-t-elle dit après l'annonce par le secrétaire d'État américain John Kerry d'un accord de principe sur la reprise de négociations de paix.

«Mais à présent, quatre ans de marasme diplomatique touchent à leur fin», s'est félicitée Mme Livni, qui a lancé en novembre son propre parti, «HaTnouah» (Le Mouvement), quasiment le seul à avoir fait campagne aux élections législatives de janvier sur le thème de la paix avec les Palestiniens.

Malgré un score décevant (6 députés sur 120), sa renommée internationale et le fait qu'elle ait été la première à rejoindre le coalition du Premier ministre Benyamin Nétanyahou, qu'elle avait pourtant beaucoup attaqué pendant la campagne, lui ont assuré une place au gouvernement.

Mme Livni avait ainsi qualifié de «désastre pour Israël» la direction politique de M. Nétanyahou, qui avait pour sa part promis qu'il l'écarterait du dossier palestinien en raison de «son irresponsabilité sur le sujet».

Rare figure féminine dans le paysage politique israélien, Mme Livni, 55 ans, a souvent provoqué la comparaison avec Golda Meïr, la matriarche à la poigne de fer, Première ministre d'Israël de 1969 à 1974. À la différence de nombre de responsables politiques israéliens, elle n'a jamais été inquiétée par la justice.

Son habileté politique a néanmoins été souvent mise en défaut.

Devenue en 2008 chef du parti Kadima (centre droit) après la démission du Premier ministre Ehud Olmert, rattrapé par des affaires de corruption, elle a échoué en 2009 à former une coalition gouvernementale, bien que sa formation soit arrivée largement en tête aux élections.

Sa prestation jugée médiocre à la tête de l'opposition à M. Nétanyahou s'est soldée par une défaite cinglante aux primaires de Kadima en mars 2012 face à l'ex-ministre de la Défense Shaul Mofaz, et une traversée du désert de sept mois pour Tzipi Livni.

Ses détracteurs l'accusent de manquer de convictions politiques, à l'image d'Ehud Olmert qui la jugeait «incapable de prendre des décisions», voire  «influençable», «traîtresse», «menteuse».

Avocate, ancien agent du Mossad, les services secrets israéliens, Tzipi Livni, mère de deux enfants, est issue d'une famille de «Likoudniks», partisans du Likoud, le grand parti de la droite israélienne.

Ses parents étaient tous deux des membres actifs de l'Irgoun, une organisation clandestine luttant par la violence contre le mandat britannique avant de former le noyau du Likoud, le parti aujourd'hui dirigé par Benyamin Nétanyahou.

Elle a ainsi commencé sa carrière politique au Likoud puis a évolué vers des positions plus centristes, en rejoignant en 2005 Ariel Sharon, fondateur de Kadima.

Tzipi Livni a ainsi affirmé à de multiples reprises son attachement à un «État juif et démocratique». Un slogan qu'elle ressasse à l'envi, son mantra lorsqu'elle dirigeait la diplomatie israélienne (2006-2009).

Aux côtés de son amie, la secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice, Tzipi Livni s'est fréquemment exprimée en faveur d'une amélioration des conditions de vie des Palestiniens en Cisjordanie, de la création d'un État palestinien, tout en prônant la poursuite de la lutte antiterroriste et l'isolement du Hamas islamiste qui contrôle la bande de Gaza.