Le secrétaire d'État américain John Kerry se préparait à quitter vendredi la Jordanie après avoir, semble-t-il, échoué dans son ultime tentative d'arracher une reprise des pourparlers de paix au Proche-Orient, n'étant pas parvenu à convaincre les Palestiniens d'accepter de négocier sans gel de la colonisation israélienne.

Avant son départ, M. Kerry va quand même tenter de discuter vendredi matin à nouveau avec les deux parties dans l'espoir de les amener à retourner à la table des négociations.

Le président Barack Obama a encouragé dans un entretien téléphonique M. Nétanyahou à continuer à travailler avec M. Kerry afin de reprendre les négociations avec les Palestiniens, a indiqué la Maison-Blanche.

M. Kerry, qui devait quitter la Jordanie jeudi au terme de son sixième voyage dans la région, a prolongé son séjour dans l'attente des résultats de réunions des dirigeants palestiniens.

Mais le chef de la diplomatie américaine a anticipé une nouvelle déconvenue avant même la fin de ces consultations. «Il n'y a actuellement aucun plan d'annonce de reprise des négociations», à l'arrêt depuis 2010, a déclaré une porte-parole du département d'État, Jennifer Psaki.

Tour à tour, le mouvement du président palestinien Mahmoud Abbas, le Fatah, puis la direction palestinienne ont majoritairement rejeté les termes proposés par M. Kerry.

«La plupart des mouvements ont rejeté les propositions de Kerry pour reprendre les négociations avec Israël», a déclaré le député indépendant Moustapha Barghouthi, participant à une réunion regroupant le Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), le Comité central du Fatah, et les chefs des formations de l'OLP et indépendantes.

«Kerry n'a pas fourni de garanties d'un arrêt de la colonisation ni de référence claire pour les négociations, selon les frontières de 1967», antérieures au début de l'occupation israélienne, a expliqué M. Barghouthi.

Un autre participant, Wassel Abou Youssef, membre du Comité exécutif de l'OLP, a précisé que la direction palestinienne avait formé une commission pour présenter une contre-proposition au chef de la diplomatie américaine.

«Cette commission se réunira ce soir pour formuler cette réponse officielle palestinienne», a-t-il ajouté, estimant qu'il n'y aurait «pas de retour aux négociations sans reconnaissance claire de la part du gouvernement israélien de la référence aux lignes de 1967» comme base des discussions.

Auparavant, le Comité central du Fatah, réuni autour de M. Abbas, avait appelé M. Kerry à modifier sa proposition, notamment sur ce point.

«Retenue» dans la colonisation

«La plus importante proposition du plan de Kerry est une reprise des négociations sans arrêt ou gel de la colonisation», avait auparavant indiqué à l'AFP un responsable de l'OLP sous couvert de l'anonymat.

Ces négociations doivent s'inscrire dans la lignée du discours du président américain Barack Obama au Congrès en mai 2011, appelant à un État palestinien sur la base des lignes de 1967, chaque partie ayant le droit d'émettre des réserves. Le premier ministre israélien Benyamin «Nétanyahou objectera à un État sur les frontières de 1967, et les Palestiniens à l'État juif» dont M. Nétanyahou exige la reconnaissance, a-t-il précisé.

«En ce qui concerne la colonisation, il y a une nouvelle expression, celle de "retenue" dans la construction dans les colonies de Cisjordanie, à l'exception des trois blocs d'implantations d'Ariel, du Goush Etzion, de Maalé Adoumim, ainsi que de Jérusalem-Est», a ajouté le responsable palestinien.

En contrepartie de cette renonciation au gel de la colonisation, l'une de leurs principales revendications, les dirigeants palestiniens pourraient relancer leurs démarches, suspendues à la demande de Washington, pour adhérer à des organisations internationales, «y compris en signant la Quatrième Convention de Genève», qui prohibe la colonisation, a-t-il expliqué.

Dans le même temps, l'armée israélienne se préparait à lever des restrictions à la circulation des Palestiniens sur deux routes en Cisjordanie, en signe de bonne volonté, a rapporté la radio militaire.

Le président israélien Shimon Peres a exhorté l'Union européenne (UE) à suspendre ses nouvelles «lignes directrices» qui excluent explicitement les territoires occupés de sa coopération avec Israël, afin de ne pas compromettre les efforts américains, assurant qu'ils allaient «porter leurs fruits, du côté israélien comme palestinien».

«Nous avons pu réduire les divergences de manière très significative», avait assuré mercredi M. Kerry, confiant «continuer d'avoir l'espoir que les deux parties viennent s'asseoir à la même table».

Le Hamas au pouvoir à Gaza, rival du Fatah, a rejeté «un retour aux négociations avec l'occupation qui en est le seul bénéficiaire», de même que «la position des ministres arabes des Affaires étrangères qui font pression» en ce sens.