Trois Afghans condamnés en 2012 à dix ans d'emprisonnement pour avoir torturé pendant six mois une adolescente, une affaire qui avait ému le monde entier, ont été récemment remis en liberté par la justice afghane, a-t-on appris samedi de source judiciaire.

Âgée de 15 ans au moment des faits, Sahar Gul, brûlée et battue, avait été retrouvée en décembre 2011 dans le sous-sol de la maison de son mari dans la province de Baghlan, dans le nord-est de l'Afghanistan, où elle avait été enfermée pendant six mois dans des toilettes.

Le beau-père, la belle-mère et la belle-soeur de la victime avaient été condamnés à dix ans d'emprisonnement en mai 2012 pour «tentative de meurtre». Le mari de Sahar, accusé de torture, est toujours en fuite.

«La cour a réexaminé leur situation et il s'avère qu'ils ne sont concernés que par des violences familiales», des faits passibles de peines plus légères, a déclaré à l'AFP un porte-parole de la Cour suprême afghane, Abdullah Attaee.

«Pour l'instant, la Cour a estimé qu'ils avaient passé suffisamment de temps en prison», a-t-il ajouté, précisant qu'une nouvelle procédure serait lancée dans le cadre de la requalification des faits.

Cette libération a provoqué la colère de l'organisation «Des femmes pour les femmes afghanes», un groupe de défense des droits des femmes basé à New York et à Kaboul qui avait aidé la jeune femme pour son procès.

«Cette affaire, d'abord présentée comme un triomphe témoignant des avancées des droits des femmes au cours de la dernière décennie, s'est transformée en présage sinistre d'un sombre avenir», affirme l'organisation dans un communiqué publié sur son site internet.

«Cette parodie de justice (...) montre de manière effrayante que les conservateurs prennent de plus en plus d'importance» en Afghanistan, ajoute l'organisation.

Malgré des milliards de dollars dépensés  par la communauté internationale depuis la chute des talibans en 2001, la cause des femmes a peu évolué dans les provinces afghanes, très fortement marquées par le poids de la coutume. À Kaboul et dans les principales autres villes du pays, en revanche, les femmes se sont affirmées, même si elles toujours nombreuses à porter la burqa.