Les services secrets afghans ont interpellé et incarcéré à Kaboul un interprète de nationalité afghano-américaine accusé d'avoir torturé et tué des civils lorsqu'il travaillait pour les forces spéciales américaines, a-t-on appris lundi de sources concordantes.

Zakrya Kandahari a été interpellé au mois de mai sur ordre du président afghan Hamid Karzaï lors d'une «opération spéciale» menée par le Directoire de la Sécurité nationale (NDS), l'agence de renseignement afghane, a indiqué celle-ci dans un communiqué.

M. Kandahari a travaillé comme «interprète pour les forces spéciales américaines dans le district de Nerkh, dans la province du Wardak», à la frontière sud-ouest de Kaboul, et il est accusé d'avoir commis «plusieurs crimes», a ajouté le NDS, sans plus de précisions.

Il «était dans le Wardak en 2012. Il est accusé d'avoir torturé et même assassiné des gens alors qu'il travaillait comme interprète avec les forces spéciales américaines», a affirmé de son côté à l'AFP le porte-parole du gouvernement local du Wardak, Attaullah Khogyani.

«Nous avons créé une commission pour que les personnes qui ont souffert de ses actes puissent témoigner. Nous recueillons les preuves contre lui», a-t-il ajouté.

Zakrya Kandahari vivait caché chez un ami à Kandahar (sud) au moment de son interpellation, survenue il y a 45 jours, a déclaré à l'AFP Jawid Faisal, porte-parole du gouvernement provincial de Kandahar.

Trois pistolets, un ordinateur portable et plusieurs faux documents ont été découverts en sa possession au moment de l'arrestation, a précisé le NDS.

Les enquêteurs afghans soupçonnent M. Kandahari de ne pas s'être contenté d'un rôle d'interprète, mais d'avoir également «désigné les personnes qui devaient être interrogées» par les forces spéciales américaines, rapportait lundi le New York Times.

L'armée américaine s'est retirée fin mars d'un district de Nerkh en vertu d'un accord passé avec le président Karzaï, qui avait accusé les soldats d'y avoir maltraité des habitants.

M. Karzaï avait d'abord accusé des milices afghanes travaillant avec les unités d'élite américaines de torturer et de tuer des civils, mais s'était ensuite repris pour se focaliser sur un prétendu «harcèlement» de la part des troupes américaines.

Le Wardak est un repaire de l'insurrection talibane, où les forces de sécurité afghanes peinent à s'imposer.