Le premier ministre britannique David Cameron a soutenu samedi à Kaboul le principe de pourparlers de paix avec les talibans, un général britannique regrettant pour sa part que de telles discussions n'aient pas eu lieu dès 2002, lorsque les insurgés étaient en position de faiblesse.

En 2002, évincés du pouvoir à la suite des attentats du 11 septembre l'année précédente aux États-Unis, «les talibans étaient en fuite», a déclaré le numéro 2 de la force internationale de l'OTAN en Afghanistan (Isaf), le général britannique Nick Carter, dans une interview accordée au quotidien The Guardian.

«À ce moment-là, si nous avions été plus clairvoyants, nous aurions remarqué qu'une solution politique finale (était possible) en mettant tous les Afghans autour d'une table pour qu'ils envisagent leur avenir», a-t-il ajouté.

«On peut effectivement se demander si le règlement (du conflit) que nous avons mis en oeuvre après 2001 aurait pu être meilleur», a reconnu sur la chaîne de télévision Sky News David Cameron, qui a effectué samedi une visite surprise en Afghanistan, où sont encore présents 7900 soldats britanniques.

Ce déplacement est intervenu un peu plus d'une semaine après l'ouverture à Doha d'un bureau politique des talibans, qui, malgré l'espoir suscité, n'a encore été suivie d'aucune négociation concrète.

La recherche d'un règlement de paix avec les rebelles est désormais une priorité pour le gouvernement afghan et les puissances internationales, un climat insurrectionnel perdurant dans de nombreuses régions et les troupes sous commandement américain se préparant à quitter l'Afghanistan l'an prochain.

«Je pense que les talibans (...) commencent à réaliser qu'ils ne pourront pas jouer un rôle en Afghanistan à travers la violence, mais en déposant les armes et en s'engageant dans un processus politique», a déclaré M. Cameron au cours d'une conférence de presse à Kaboul avec le président afghan Hamid Karzaï.

«Ce processus de paix appartient aux Afghans et il doit être mené par des Afghans», a-t-il ajouté.

L'ouverture du bureau taliban n'a pas empêché la poursuite des violences en Afghanistan et les insurgés ont procédé mardi à une spectaculaire attaque à Kaboul près du palais présidentiel et de bureaux de la CIA, qui a coûté la vie à trois gardes afghans.

«L'attaque organisée près du palais présidentiel ne nous dissuadera pas de chercher la paix», a déclaré M. Karzaï au cours de la conférence de presse.

«Nous souhaitons parler de paix, parce que le pays en a besoin, mais aussi les talibans», a-t-il dit, sans préciser comment pourraient s'amorcer des discussions avec les talibans, qui considèrent le gouvernement de Kaboul comme une «marionnette» des États-Unis.

La manière dont les insurgés avaient ouvert leur bureau dans la capitale qatarie avait provoqué la colère de M. Karzaï, ulcéré par l'utilisation du nom «Émirat islamique d'Afghanistan», une référence au régime taliban avant sa chute en 2001, et par l'annonce de discussions directes entre Américains et insurgés.

En réaction, le président afghan avait menacé de boycotter toute négociation et suspendu des discussions sur un accord bilatéral de sécurité avec Washington.

«Les discussions sur (cet accord) sont toujours suspendues», a dit samedi M. Karzaï, bien que Washington ait fait marche arrière sur les négociations avec les talibans.

M. Karzaï a en outre indiqué qu'il convoquerait une Loya Jirga, la grande assemblée de chefs de tribus et de représentants de la société, pour décider du sort de cet accord, qui doit définir les modalités de la présence américaine en Afghanistan après la fin de la mission de combat de l'OTAN, mais aussi le nombre des bases américaines dans ce pays et le statut des soldats américains sur place.

«Le peuple acceptera (cet accord), ou le rejettera» au cours de la Loya Jirga, a insisté le président afghan. «Il y a trois jours, j'ai eu une visioconférence avec le président (américain Barack) Obama. Il a dit espérer que cet accord sera bouclé d'ici au mois d'octobre».