Le président afghan a déclaré mercredi qu'il ne participerait pas aux négociations de paix avec les talibans, sauf si les États-Unis se retirent du processus, tout en insistant pour que le groupe extrémiste cesse de commettre des attentats en Afghanistan, après une attaque à la roquette qui a tué quatre Américains.

La déclaration du président Hamid Karzaï anéantit les espoirs entourant les négociations, qui visent à trouver une solution politique à la guerre en Afghanistan. La veille, les États-Unis et les talibans avaient annoncé qu'ils entameraient bientôt des discussions au Qatar.

Mardi, M. Karzaï avait indiqué qu'il enverrait des représentants de son Haut Conseil de la paix au Qatar pour discuter avec les talibans, mais ses collaborateurs ont déclaré qu'il avait changé d'idée à cause de la façon dont l'annonce des négociations a été faite. Le président afghan s'oppose en particulier au nom officiel adopté par les talibans, «l'Émirat islamique d'Afghanistan», pour l'ouverture de leur bureau à Doha.

Shafiullah Nooristani, membre du Haut Conseil de la paix, a déclaré à l'Associated Press que l'utilisation de ce nom violait des accords que le gouvernement Karzaï a signés avec les États-Unis et causait un problème diplomatique pour l'Afghanistan.

«L'accord était que le bureau devait servir uniquement aux négociations, et non constituer une entité politique parallèle à l'ambassade afghane qui est déjà présente» au Qatar, a-t-il expliqué.

Dans une tentative de limiter les dégâts, le ministre qatari des Affaires étrangères a déclaré mercredi soir que les talibans avaient violé un accord conclu avec le Qatar, qui prévoyait que le bureau s'appellerait «Bureau politique des talibans afghans à Doha». On ne sait pas pour l'instant si les talibans seront forcés de changer le nom de leur bureau.

Le secrétaire d'État américain, John Kerry, a appelé le président afghan à deux reprises au cours des dernières 24 heures pour tenter d'apaiser son mécontentement, a indiqué une porte-parole.

M. Karzaï a également suspendu les négociations sur un nouvel accord de sécurité entre les États-Unis et l'Afghanistan qui permettrait à un certain nombre de soldats américains de rester dans le pays après la fin de la mission internationale de combat, en 2014, afin de protester contre le fait que son gouvernement a été exclu du processus initial de négociation avec les talibans.

Les violences sur le terrain ont également assombri les espoirs de paix en Afghanistan. Les talibans ont revendiqué mercredi la responsabilité d'une attaque à la roquette contre la base aérienne de Bagram, qui a tué quatre soldats américains.

Un porte-parole des talibans, Zabiullah Mujahid, a déclaré que des insurgés avaient tiré deux roquette sur la base mardi soir. Des responsables américains ont confirmé que la base avait été attaquée et que quatre militaires avaient été tués.

Les États-Unis et les talibans afghans avaient annoncé mardi qu'ils entameraient bientôt des discussions préliminaires au Qatar, sans le gouvernement afghan. Des représentants du Haut Conseil de la paix de M. Karzaï devaient se joindre aux négociations quelques jours plus tard, mais cette possibilité semble maintenant peu probable, du moins à court terme.

Les talibans refusent depuis des années de discuter avec le gouvernement afghan ou le Haut Conseil de la paix mis sur pied il y a trois ans, estimant que ces entités sont des «marionnettes» du gouvernement américain. Mais les talibans ont accepté de discuter avec des représentants américains et d'autres pays occidentaux à Doha et dans d'autres endroits, principalement en Europe.