Deux militantes des droits de la personne ont été condamnées en Arabie saoudite après avoir tenté d'aider la Québécoise Nathalie Morin. Les autorités saoudiennes lui interdisent de quitter le pays pour revenir au Canada avec ses enfants.

Les deux Saoudiennes devront passer 10 mois en prison. Fawzia al-Ayuni et Wajiha al-Huaider se voient aussi interdire de quitter le pays pendant deux ans supplémentaires. L'une d'elles a des enfants qui vivent aux États-Unis qu'elle visitait régulièrement.

En juin 2011, les deux femmes s'étaient rendues chez Nathalie Morin pour lui apporter de la nourriture à la demande de la mère de celle-ci, Johanne Durocher. La justice saoudienne y a plutôt vu une tentative d'inciter Mme Morin à se soustraire à l'autorité de son mari. Elles ont été reconnues coupables, sous la loi de la charia.

Mme Durocher avait demandé à l'une des deux condamnées, reconnue pour défendre le droit des femmes dans son pays, d'aider sa fille à se nourrir parce que celle-ci était incapable de sortir de chez elle pour se procurer ce dont elle avait besoin.

Elle a été surprise d'apprendre que les deux femmes avaient été condamnées alors qu'elle croyait que l'affaire avait déjà été réglée. Elles ont un mois pour porter la cause en appel avant d'être emprisonnées.

Johanne Durocher déplore que sa fille n'ait pas pu témoigner au procès. Selon elle, Nathalie Morin aurait pu dire que ces femmes n'avaient jamais parlé contre son mari ou tenté de l'aider à s'enfuir et qu'elles voulaient seulement l'aider à manger.

Elle croit que le gouvernement saoudien utilise la situation pour museler les deux féministes.

«Le gouvernement saoudien va faire d'une pierre deux coups. Pendant qu'il fait peur à ma fille pour qu'elle vienne au Canada sans les enfants, il arrête deux militantes très connues qui se battaient pour les droits des femmes en Arabie saoudite, notamment pour qu'elles puissent conduire», croit Mme Durocher.

Selon elle, ces femmes ont trop peur de leur gouvernement pour avoir tenté d'aider Nathalie Morin à fuir l'Arabie saoudite ou à se soustraire à l'autorité de son mari.

«Elles m'ont expliqué en long et en large ce qu'elles risquaient à aider ma fille. Elles n'ont jamais eu l'intention de la kidnapper ou de l'amener à l'ambassade ou de lui parler contre son mari, explique Johanne Durocher. La seule intention était de lui amener de la nourriture.»

Le sort de Nathalie Morin est toujours incertain. Dans le passé, le gouvernement saoudien lui avait permis de revenir au Canada, mais en laissant ses trois enfants derrière elle, ce qu'elle refuse.

La Québécoise doit rencontrer, cette semaine, des responsables de l'ambassade canadienne à Ryad, une rencontre déjà prévue depuis quelque temps.

Mme Durocher avait réussi à obtenir un visa canadien pour le mari de Nathalie, Saïd, mais les autorités saoudiennes ont refusé de le voir quitter le pays, selon Mme Durocher. Cela aurait permis à toute la famille de revenir au Canada puisque le père était d'accord.

«Le gouvernement saoudien a toujours dit qu'il ne voulait pas se mêler d'une affaire privée, affirme Mme Durocher.  À partir du moment où, en privé, les parents trouvent une solution pour que tout le monde soit content, il n'y a plus de raison», croit-elle.