Israël va construire un millier de logements pour des colons à Jérusalem-Est occupée, un geste qui risque d'entraver sérieusement la tentative de Washington de relancer le processus de paix, a indiqué mercredi à l'AFP l'observatoire anticolonisation Terrestrial Jerusalem.

Selon Danny Seidemann, le directeur de Terrestrial Jerusalem, des contrats ont été signés pour 300 logements dans la colonie de Ramot, parmi 606 proposés à la vente en décembre dernier, et 797 autres unités vont être mises sur le marché dans l'implantation de Gilo, à proximité de la ville palestinienne de Bethléem, en Cisjordanie.

Ces développements, dont les plans avaient été approuvés à la fin 2012, se produisent moins d'une semaine après une nouvelle visite du secrétaire d'État John Kerry dans la région pour tenter de redémarrer les négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens bloquées depuis septembre 2010.

Ils surviennent alors que le gouvernement de Benyamin Nétanyahou semble observer depuis plusieurs mois un «gel de facto» de la colonisation condamnée par les États-Unis et la communauté internationale. Il a récemment suspendu les appels d'offres pour la construction de logements dans les colonies.

Le directeur de Terrestrial Jerusalem a affirmé que ces annonces provenaient du ministre du Logement Uri Ariel, un colon, numéro deux du parti nationaliste religieux Foyer juif, ou de son entourage, et visaient à «forcer la main de Nétanyahou».

«Cela ne veut pas dire que le gel est terminé, mais cela signifie que le ministre du Logement de Nétanyahou s'efforce de parvenir à ce résultat», a analysé M. Seidemann.

Les colonies de Ramot et Gilo ont situé à Jérusalem-Est, le secteur à majorité arabe de la Ville sainte, occupé et annexé par Israël depuis juin 1967.

Aux yeux de la communauté internationale, cette annexion est illégale, de même que toutes les colonies israéliennes dans les Territoires palestiniens occupés, qu'elles aient ou non été autorisées par le gouvernement israélien.

Plus de 360 000 colons israéliens vivent en Cisjordanie occupée et quelque 200 000 dans des quartiers de colonisation à Jérusalem-Est occupée et annexée.

Lors de sa récente mission régionale, John Kerry a exhorté Israéliens et Palestiniens à «prendre des décisions difficiles» pour revenir à la table des négociations.

«Il est clair que le statu quo n'est pas tenable à long terme (...). Au final, il faudra que les deux parties fassent preuve de leadership» pour parvenir à la paix, a plaidé le chef de la diplomatie américaine avant son départ vendredi dernier.

Le chef de la diplomatie américaine a appelé à des négociations directes entre les deux camps.

Interrogé sur la politique de colonisation israélienne, M. Kerry a critiqué le projet du gouvernement de régulariser quatre implantations sauvages de Cisjordanie qu'il s'était engagé à démanteler, tout en estimant que cela ne devait pas empêcher une reprise des pourparlers.

La direction palestinienne exige pour reprendre les négociations un gel total de la colonisation israélienne. M. Nétanyahu rejette toute «condition préalable» aux pourparlers.