Les candidats à la succession du président Mahmoud Ahmadinejad ont commencé à s'inscrire mardi en vue de l'élection du 14 juin en Iran, un scrutin pour lequel les conservateurs semblent en position de force et dont la campagne devrait être dominée par la crise économique.

Selon la Constitution, M. Ahmadinejad, un conservateur, ne peut briguer un 3e mandat successif. Son second mandat a été marqué par une vague de protestations à sa réélection en juin 2009 et par des relations parfois difficiles avec le Guide suprême Ali Khamenei et le Parlement dominé par les ultra-conservateurs.

Son successeur héritera d'une situation économique en nette détérioration en raison des sanctions occidentales liées au programme nucléaire iranien controversé, soupçonné de cacher un volet militaire malgré les dénégations de Téhéran. Le taux officiel de l'inflation a atteint plus de 30 % sur un an et la baisse du pouvoir d'achat n'a pu être contenue par une politique d'aides directes.

Le nouveau président devra aussi gérer la crise en Syrie en proie depuis plus de deux ans à la guerre entre le régime de Bachar al-Assad, un allié de l'Iran, et les groupes rebelles.

Le pouvoir a mis en garde contre toute contestation des résultats comme en 2009. Les manifestations d'une ampleur sans précédent en République islamique contre la réélection de M. Ahmadinejad avaient alors été réprimées par le pouvoir qui avait dénoncé un complot soutenu par l'étranger.

Cette année-là, les deux candidats réformateurs, l'ex-premier ministre Mir Hossein Moussavi et l'ancien président du Parlement Mehdi Karoubi, avaient appelé à manifester en dénonçant des fraudes massives lors du scrutin. Ils se trouvent aujourd'hui en résidence surveillée.

Les inscriptions pour le scrutin du 14 juin dureront jusqu'à samedi. Le ministre de l'Intérieur, Mostafa Mohammad Najar, a appelé les candidats à « ne pas attendre le dernier moment pour s'inscrire et à éviter de faire campagne « avant la décision finale du Conseil des Gardiens de la constitution.

Ce Conseil, organe de supervision des élections contrôlé par les conservateurs religieux, aura jusqu'au 23 mai pour annoncer la liste des candidats éligibles qui auront trois semaines pour faire campagne.

En 2009, près de 500 personnes avaient présenté leur candidature, mais le Conseil des Gardiens n'avait retenu que quatre noms, dont Mohsen Rezai, ancien commandant des Gardiens de la révolution, l'armée d'élite du régime, qui se présente de nouveau cette année.

De nombreux conservateurs ont annoncé leur volonté de participer au prochain scrutin. Parmi eux, figure l'ex-ministre des Affaires étrangères (1981-1997) et conseiller pour les affaires internationales du Guide suprême Ali Akbar Velayati. Il s'est allié avec Mohammad Bagher Qalibaf, maire de Téhéran, et Gholam-Ali Hadad Adel, ex-président du Parlement dans une «Coalition pour le progrès».

Le camp présidentiel devrait soutenir un proche collaborateur de M. Ahmadinejad, Esfandiar Rahim Mashaie. Mais, accusé de «déviationnisme» et de vouloir promouvoir le nationalisme iranien, ce dernier pourrait ne pas être approuvé par le Conseil des Gardiens, selon les experts.

Dans le camp réformateur et modéré, Hassan Rohani, négociateur nucléaire sous Mohammad Khatami, a fait acte de candidature dès mardi. L'ancien vice-président Mohammad Reza Aref devrait faire de même.

Ces dernières semaines, les personnalités et journaux du camp réformateur ont multiplié les appels à M. Khatami et à l'ancien président modéré Akbar Hachemi Rafsandjani pour qu'ils se présentent. Mais jusqu'ici, les deux hommes ont refusé de donner une réponse tranchée.

Cependant, le ministre des Renseignements, Heydar Moslehi, les a mis en garde contre une éventuelle candidature en affirmant que le pouvoir n'avait pas oublié leur rôle dans le mouvement de contestation de 2009.

fpn-sgh/cyj/tp