Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a affirmé jeudi qu'il souhaitait soumettre tout accord de paix avec les Palestiniens à un référendum.

«Si nous parvenons à un accord de paix avec les Palestiniens, je souhaiterais le soumettre à un référendum», a affirmé M. Nétanyahou, lors d'une rencontre avec le ministre suisse des Affaires étrangères Didier Burkhalter, selon un communiqué de ses services.

M. Nétanyahou a rappelé sa position au moment où les États unis tentent d'encourager une relance des négociations entre Israël et les Palestiniens gelées depuis l'automne 2010.

En septembre 2010, il s'était déjà déclaré favorable à un référendum sur tout accord conclu avec les Palestiniens.

Les commentateurs avaient estimé à l'époque que le premier ministre tentait ainsi de neutraliser les «durs» de sa coalition, opposés à toute concession territoriale en Cisjordanie occupée, en laissant le dernier mot aux électeurs.

En novembre 2010, le Parlement israélien a adopté une proposition de loi imposant pour la première fois la validation par référendum de tout retrait des territoires sur lesquels s'exerce la loi israélienne, dont le plateau syrien du Golan et Jérusalem-Est, occupés et annexés par Israël, avant la ratification d'éventuels traités de paix respectivement avec la Syrie et les Palestiniens.

Cette loi prévoit toutefois une dispense de consultation populaire si une majorité qualifiée des deux tiers des députés (80 sur 120) se prononce pour un retrait.

À droite, le ministre du Commerce et de l'Industrie, Naftali Bennett, qui dirige le Foyer juif, un parti nationaliste religieux fervent partisan de la colonisation des Territoires palestiniens, s'est lui aussi prononcé ces derniers mois pour un référendum en cas d'accord avec les Palestiniens.

En revanche, la ministre de la Justice Tzipi Livni, chargée du dossier des négociations avec les Palestiniens, s'est déclarée totalement opposée à l'idée d'un référendum. Interrogée au début de la semaine, elle a répondu que le Parlement était seul habilité à statuer sur une telle question.

«Les élections générales constituent le vrai référendum», a affirmé Mme Livni, dirigeante de HaTnouha, un petit parti centriste qui a fait de la relance d'un processus de paix sa priorité.

Selon les médias israéliens, Mme Livni devait rencontrer jeudi à Washington le secrétaire d'État américain John Kerry. Mme Livni est accompagnée de l'envoyé spécial de M. Nétanyahou pour les pourparlers de paix, l'avocat Yitzhak Molcho.

Israël et les Palestiniens ont tempéré mercredi les espoirs de reprise des négociations éveillés par la reformulation de l'initiative de paix arabe, appuyée par les États-Unis, qui valide désormais explicitement le principe d'un échange de territoires.

M. Nétanyahou a relativisé la portée de cette inflexion. «Le conflit israélo-palestinien n'est pas territorial, mais porte sur l'existence même de l'État d'Israël», a-t-il réaffirmé.

Un de ses proches, le ministre des Communications Gilad Erdan, a d'ailleurs répété le refus d'Israël de négocier sur la base des lignes d'avant l'occupation israélienne des Territoires palestiniens (Cisjordanie, Jérusalem-Est et bande de Gaza) en 1967.