Israël continuera à refuser de négocier avec les Palestiniens sur la base des lignes de 1967, c'est-à-dire la Cisjordanie, Jérusalem-Est et la bande de Gaza, a affirmé mercredi un ministre en réponse à une inflexion de l'initiative de paix de la Ligue arabe.

«Si Israël accepte de venir à la table des négociations en affirmant à l'avance qu'elles se dérouleront sur la base des lignes de 1967, il ne restera pas grand-chose à négocier. On ne peut pas commencer à discuter en acceptant d'avance de renoncer à tout», a averti Gilad Erdan, le ministre des Communications et membre du cabinet de sécurité, à la radio publique.

«J'espère qu'Abou Mazen (Mahmoud Abbas, le président palestinien) ne pense pas qu'Israël doit renoncer à ses positions, et accepter de transmettre tous les territoires (palestiniens) dans lesquels nous pensons avoir le droit de nous installer», a ajouté ce proche collaborateur du premier ministre Benyamin Nétanyahou.

Lors d'une réunion à Washington entre une délégation de la Ligue arabe et le secrétaire d'État américain John Kerry, le premier ministre et chef de la diplomatie du Qatar, Hamad ben Jassem al-Thani, dont le pays préside le comité de suivi de l'initiative de paix arabe, s'est dit lundi favorable à un «échange mineur de territoire comparable et mutuellement accepté».

De tels échanges, déjà discutés lors des précédentes négociations de paix, permettraient à Israël de conserver les grands blocs d'implantations où vit la majorité des colons tandis que les Palestiniens recevraient des territoires actuellement sous souveraineté israélienne.

La position de M. Erdan contraste avec la réaction positive à la décision de la Ligue arabe exprimée mardi par la ministre de la Justice Tzipi Livni, chargée du dossier des négociations avec les Palestiniens. Mais, selon les commentateurs, la position de Mme Livni ne reflète pas la position du gouvernement Nétanyahou.

À la tête de Kadima puis de HaTnouha, un petit parti centriste (six députés sur 120), elle a fait de la reprise des négociations avec les Palestiniens sa priorité, alors que le Likoud, le parti de M. Nétanyahou ou Foyer juif, un parti religieux nationaliste de la coalition et fervent partisan de la colonisation, acceptent seulement l'idée d'une reprise des négociations gelées depuis septembre 2010, sans «condition préalable».

Shelly Yachimovich, la dirigeante du parti travailliste, principale formation de l'opposition a soutenu la décision «importante» de la Ligue arabe en soulignant à la radio qu'elle pouvait «permettre une relance des négociations».

«Si l'on s'approche d'un accord et que Foyer juif menace de quitter le gouvernement de Benyamin Nétanyahou, nous envisagerons positivement la possibilité de prendre sa place au sein du gouvernement. Les travaillistes ne seront pas ceux qui empêcheront un accord», a assuré Mme Yachimovich.

M. Kerry a pour sa part salué mardi la décision de la Ligue arabe.

«Contrairement à la proposition d'origine qui ne parlait que des lignes de 1967 et de rien d'autre, ils (les pays arabes, NDLR) ont déclaré hier qu'ils étaient prêts à accepter les frontières de 1967 avec des ajustements reflétant un accord mutuel sur des échanges de territoires», a expliqué le chef de la diplomatie américaine.