L'ex-ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman comparaissait jeudi pour fraude et abus de confiance à Jérusalem, un procès qui pourrait décider de l'avenir politique de ce personnage tonitruant et controversé.

À l'ouverture du procès le 17 février, M. Lieberman avait plaidé non coupable. Selon la radio publique israélienne, les audiences devraient durer jusqu'en mai.

L'ex-ministre populiste est accusé d'avoir obtenu en décembre 2009 un poste d'ambassadeur en Lettonie pour l'ex-ambassadeur d'Israël au Belarus, Zeev Ben Arieh.

Selon l'accusation, cette nomination constituerait une récompense à M. Ben Arieh pour avoir fourni en 2008 à M. Lieberman, alors député, des renseignements confidentiels sur une enquête de police menée contre lui au Belarus à la demande de la justice israélienne.

Les deux hommes se sont serré la main devant le tribunal.

«Ce n'est pas un jour difficile pour moi, je suis venu pour dire la vérité et c'est ce que vais faire», a déclaré M. Ben Arieh à la radio militaire avant d'entrer dans le bâtiment.

Selon le site d'information Walla, il a affirmé aux juges «ne pas se souvenir» avoir demandé de l'aide à M. Lieberman pour obtenir ce poste, confirmant l'avoir rencontré au Belarus et l'avoir informé de la procédure contre lui «en tant que partisan de Lieberman et par respect pour lui».

À plusieurs reprises, M. Lieberman, chef du parti ultranationaliste Israël Beiteinou, allié du Likoud du premier ministre Benjamin Netanyahu, a clamé son innocence.

M. Lieberman avait démissionné le 14 décembre, au lendemain de son inculpation, avec l'espoir d'être rapidement jugé afin de revenir au gouvernement après les élections de janvier où la liste de droite Likoud-Israël Beiteinou est arrivée en tête.

Depuis, M. Netanyahu assume le portefeuille des Affaires étrangères, dans l'attente d'un éventuel retour de M. Lieberman, qui a affirmé souhaiter un procès rapide afin de retrouver son poste, s'il était blanchi par la justice.

Mais si les trois juges condamnent Avigdor Lieberman, 54 ans, à une peine supérieure à trois mois de prison ou de travaux publics, il ne pourra plus être député pendant une période de sept ans, compromettant la poursuite de sa carrière politique.

Les délits de fraude et d'abus de confiance sont passibles de trois ans de prison ferme.

Le témoin clé de l'accusation devrait être Danny Ayalon, l'ancien vice-ministre des Affaires étrangères, qui présidait la commission des nominations des Affaires étrangères.

Selon M. Ayalon, M. Lieberman lui avait ordonné de nommer M. Ben Arieh ambassadeur en Lettonie sans lui révéler l'épisode des renseignements confidentiels.

Ce témoignage devrait toutefois être mis en cause par la défense dans la mesure où Danny Ayalon a des raisons de vouloir se «venger» de M. Lieberman, qui l'a exclu de la liste d'Israël Beiteinou aux élections législatives.