Un attentat dans un café fréquenté par des jeunes a fait 27 morts et plus de 50 blessés jeudi soir dans un quartier sunnite de Bagdad, à deux jours des élections provinciales irakiennes dont la préparation a été marquée par une recrudescence des violences.

Il s'agit de l'attentat le plus meurtrier depuis plus d'un mois. Le 14 mars, des insurgés avaient tenté de prendre d'assaut le ministère de la Justice en plein Bagdad. L'opération s'était soldée par la mort de 30 personnes.

L'attaque de jeudi soir s'est produite vers 22H00 (heure locale) au «café Dubaï», situé dans une artère animée du quartier sunnite d'Amriya, dans l'ouest de la capitale irakienne. Il est fréquenté par des hommes jeunes qui viennent y jouer au billard et aux jeux vidéo.

L'établissement se trouve au deuxième étage d'un petit centre commercial qui abrite aussi des magasins de vêtements et des restaurants prisés d'une clientèle familiale.

Selon des sources sécuritaires et médicales qui ont requis l'anonymat, l'attentat a tué 27 personnes, dont trois enfants et une femme, et en a blessé 50 autres.

Il n'a pas été revendiqué, mais les insurgés sunnites, dont Al-Qaïda en Irak, mènent régulièrement des attentats dans l'espoir de déstabiliser les autorités.

Regain des violences

Cette attaque survient alors que 13,8 millions d'électeurs irakiens s'apprêtent à renouveler samedi les assemblées provinciales dans 12 des 18 provinces du pays.

Diplomates et observateurs s'interrogent toutefois sur la crédibilité du vote, compte tenu du fait qu'un tiers des provinces n'y participent pas.

Les trois provinces de la région autonome du Kurdistan ont leur propre calendrier et dans celle de Kirkouk (nord), un contentieux entre les différentes communautés empêche la tenue du scrutin.

En outre, en réaction à l'instabilité qui y règne, le gouvernement du premier ministre chiite Nouri al-Maliki a décidé de repousser les élections à Anbar (ouest) et Ninive (nord), deux provinces majoritairement sunnites où les manifestations anti-gouvernementales se succèdent depuis fin décembre.

Les protestataires sunnites réclament le départ de M. Maliki, mais aussi la fin de la «marginalisation» dont ils s'estiment victimes.

Le chef du gouvernement est également en conflit larvé avec ses partenaires de coalition qui l'accusent d'accaparer le pouvoir.

À ces tensions d'ordre politique s'ajoute un regain des violences ces derniers mois. Quatorze candidats aux élections provinciales ont été assassinés depuis le début de l'année.

Et les trois premiers mois de l'année ont vu le nombre de personnes tuées dans des attentats dépasser les 300. Lundi, une nouvelle vague d'attentats a fait 50 morts et près de 300 blessés.

Bien qu'elles continuent d'ensanglanter l'Irak au quotidien, ces violences n'atteignent cependant plus les niveaux de 2006-2007. À l'époque, le conflit religieux faisait plusieurs milliers de victimes chaque mois.