Le premier ministre palestinien Salam Fayyad a préparé sa lettre de démission et compte la présenter jeudi au président Mahmoud Abbas, a indiqué un haut responsable palestinien à l'AFP.    

«M. Fayyad a préparé une lettre de démission en vue de la présenter aujourd'hui au président Abbas», a déclaré à l'AFP ce responsable sous le couvert de l'anonymat.

«M. Fayyad a préparé sa démission depuis le 23 mars, mais elle a été retardée par la visite du président (américain Barack) Obama et les voyages du président Abbas, mais le principe de la démission restait d'actualité», a-t-il précisé.

Une source gouvernementale palestinienne a indiqué à l'AFP que «les discussions se poursuivaient, mais que la démission de M. Fayyad n'était pas encore avérée».

Le président palestinien doit rentrer jeudi en Cisjordanie après avoir participé à des réunions du comité de suivi arabe au Qatar.

«M. Fayyad a demandé à rencontrer M. Abbas avant le départ de celui-ci pour le Qatar, mais M. Abbas lui a donné rendez-vous à son retour (...) on s'attend à ce qu'il lui remette (alors) sa démission», a ajouté le haut responsable palestinien.

«Le président palestinien demeure déterminé à ce que le ministre démissionnaire des Finances Nabil Qassis revienne à son poste, mais M. Fayyad tient à accepter sa démission, qui a suscité la crise», a-t-il expliqué.

Le différend a éclaté au sujet de la démission le 2 mars de M. Qassis, acceptée par M. Fayyad mais refusée par le président Abbas.

Fayyad ne démissionnera pas selon Washington

Le président palestinien Mahmoud Abbas et Salam Fayyad doivent se rencontrer jeudi pour régler le différend qui a conduit M. Fayyad à envisager de démissionner, a-t-on appris de sources concordantes.

Un représentant du département d'État américain a indiqué jeudi à Londres qu'à sa connaissance, M. Fayyad, qui a la faveur de Washington, ne démissionnerait pas. «D'après ce que je sais, il reste», a déclaré ce responsable américain.

«Une rencontre se tiendra aujourd'hui entre le premier ministre Salam Fayyad et le président Mahmoud Abbas après son retour dans la patrie pour trancher sur la démission ou non de M. Fayyad après leur différend apparu quand le chef du gouvernement a accepté la démission du ministre des Finances, Nabil Qassis», a déclaré Azzam al-Ahmad, un dirigeant du Fatah, mouvement de M. Abbas.

«Le président Abbas insiste pour que M. Qassis reste ministre des Finances et aujourd'hui M. Fayyad doit décider : soit maintenir M. Qassis à son poste, soit démissionner en tant que chef du gouvernement», a expliqué M. Ahmad à la radio officielle Voix de la Palestine.

Une source gouvernementale palestinienne a indiqué à l'AFP que «les discussions se poursuivaient, mais que la démission de M. Fayyad n'était pas encore avérée».

Le président palestinien est rentré jeudi après-midi à Ramallah (Cisjordanie), via Amman, de réunions arabes au Qatar.

Une démission qui pourrait compromettre les ententes israélo-palestiniennes

Une démission de M. Fayyad, crédité par la communauté internationale de l'édification d'institutions capables de porter un État, risquerait de compromettre l'entente avec les responsables israéliens et palestiniens annoncée cette semaine par le secrétaire d'État américain John Kerry pour «promouvoir le développement économique en Cisjordanie» occupée.

M. Kerry a écarté mardi une reprise rapide des négociations de paix, au terme d'une visite de trois jours en Israël et dans les Territoires palestiniens, insistant sur la nécessité d'un travail de fond pour qu'elles aient une chance d'aboutir.

La démission de M. Qassis, acceptée par le premier ministre, mais refusée par le président, est à l'origine du différend entre les deux hommes.

Le Conseil révolutionnaire du Fatah a fustigé vendredi soir dans un communiqué «la politique du gouvernement palestinien empreinte d'improvisation et de confusion sur de nombreux sujets financiers et économiques».

«Je suis plus que vous tous en colère contre le gouvernement», avait déclaré M. Abbas lors de cette réunion, selon un participant.

Avant la nomination de M. Qassis en mai 2012, le portefeuille des Finances était détenu par M. Fayyad, un indépendant, parallèlement à ses fonctions de chef du gouvernement.

Confrontée à des difficultés budgétaires chroniques, l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas traverse, selon plusieurs ministres, «sa pire crise financière» depuis sa création en 1994, en raison des restrictions israéliennes et du non-versement de l'assistance promise par les donateurs, même si les États-Unis ont décidé récemment de débloquer 500 millions de dollars.