Six membres de l'OTAN, dont cinq Américains, ont été tués samedi lors de deux attaques survenues dans le sud et l'est de l'Afghanistan, faisant de cette journée la plus meurtrière pour la coalition internationale en près de huit mois.

Ces pertes, les pires depuis le 8 juillet 2012, quand sept soldats de l'OTAN étaient morts dans deux attaques différentes, déjà dans l'est et le sud du pays, interviennent le jour de l'arrivée du général Martin Dempsey, le chef d'état-major interarmées américain, pour une visite surprise en Afghanistan.

Cinq des six victimes, trois soldats et deux civils, sont américaines, a indiqué une source sécuritaire à Washington. La sixième est un Afghan travaillant pour l'OTAN, d'après un communiqué du département d'État américain.

L'attaque la plus meurtrière de samedi est survenue dans la province de Zaboul, une province instable du sud de l'Afghanistan. «Trois membres de l'Isaf et deux civils appartenant à la coalition sont morts dans une attaque à la bombe artisanale», a indiqué dans un communiqué la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) de l'OTAN.

Un porte-parole de l'Isaf a déclaré par téléphone à l'AFP que l'attaque avait été menée avec une voiture piégée.

Une seconde attaque des insurgés, cette fois-ci dans l'est de l'Afghanistan, a causé la mort d'un civil américain, a indiqué l'armée américaine dans un communiqué, sans plus de précisions.

Peu après, le secrétaire d'État américain John Kerry a déploré la perte d'une diplomate américaine, soulignant qu'il l'avait rencontrée la semaine passée à Kaboul et la décrivant comme «intelligente, compétente, avide de servir et profondément engagée pour notre pays».

Le secrétaire d'État a expliqué que les Américains et leurs collègues afghans étaient en route vers une école pour offrir des livres à des étudiants à Qalat, la capitale de la province de Zaboul, au sud du pays, quand ils ont été tués par cette «attaque ignoble».

M. Kerry a précisé que quatre autres employés du département d'État avaient été blessés dans l'attentat de Zaboul, dont un très grièvement.

«Nous connaissons trop bien les risques qu'encourent de nos jours les personnels du département d'État, chez nous et à travers le monde», a encore indiqué M. Kerry dans un communiqué.

L'attentat dans la province de Zaboul a été revendiqué par les talibans, qui ont fait état sur leur site Internet Voice of Jihad (La Voix du djihad) d'une «attaque fructueuse d'un martyr» survenue alors que «le gouverneur provincial s'approchait d'un rassemblement des envahisseurs étrangers pour visiter un hôpital nouvellement construit».

L'incident a également fait des victimes civiles afghanes, a indiqué l'Isaf, qui pour sa part n'a pas précisé la nationalité des soldats tués.

Des soldats roumains et américains sont stationnés à Zaboul, selon le site de l'Isaf.

«Nous étions en chemin pour assister au programme prévu quand une déflagration a retenti près de notre convoi. Il y avait des véhicules et des soldats étrangers près du lieu de l'explosion», a raconté à l'AFP Ashraf Naseri, le gouverneur de la province de Zaboul.

Selon les talibans, qui ont coutume d'exagérer les pertes infligées à l'ennemi, 11 «envahisseurs» ont été tués et 9 blessés, alors qu'un garde du gouverneur a été tué et deux blessés.

Malgré onze années de présence de la coalition de l'OTAN, qui les a chassés du pouvoir, les talibans n'ont toujours pas été mis hors de combat. Ils poursuivent leur guérilla contre les forces internationales et contre les forces gouvernementales afghanes, principalement dans le sud et l'est du pays.

Avril marque le début de la «saison des combats» en Afghanistan, après un hiver rigoureux généralement plus calme.

Jeudi, les talibans ont livré leur attaque la plus violente en seize mois dans la ville de Farah (ouest), proche de la frontière iranienne. Un commando de rebelles qui cherchait à libérer des camarades jugés dans le tribunal de la ville a tué méthodiquement toutes les personnes présentes, faisant 46 morts.

2013 est une année charnière pour l'Afghanistan. L'Isaf, qui a eu plus de 130 000 hommes sur le terrain et en compte encore 100 000, aux deux tiers américains, poursuit son retrait du pays, qui sera achevé à la fin 2014.

La sécurité de l'Afghanistan est progressivement transférée aux forces locales, dont la formation et l'équipement, notamment aérien, sont notoirement insuffisants. Malgré leur nombre - plus de 330 000 policiers et soldats - celles-ci ne semblent pas être en mesure de venir à bout des talibans, qui déciment leurs troupes régulièrement.

Entre mars 2012 et mars 2013, près de 3000 membres des forces afghanes ont péri, soit un chiffre quasiment équivalent aux pertes subies par la coalition en 11 ans.