Le député sunnite de Beyrouth, Tammam Salam, était pressenti jeudi comme nouveau Premier ministre du Liban après avoir reçu le soutien de l'opposition, deux semaines après la démission de Najib Mikati dans un Liban fragilisé par la guerre en Syrie.

M. Salam est un membre de l'opposition dite du «14 mars» mais est considéré comme une voix modérée en comparaison avec les «faucons» de cette coalition qui sont farouchement hostiles au Hezbollah chiite, en position de force dans le gouvernement sortant.

«Les participants à la réunion ont décidé à l'unanimité de nommer Tammam Salam pour qu'il soit chargé de former le gouvernement (...) en raison de son engagement national et moral», a affirmé Fouad Siniora, ex-premier ministre et un ténor de l'opposition, lors d'une réunion tenue jeudi soir à Beyrouth.

«Nous souhaitons bonne chance à M. Salam pour diriger le pays en ces circonstances», a-t-il ajouté.

«C'est une grande responsabilité nationale (...) je remercie mes frères de la coalition du 14-mars», a affirmé M. Salam présent à la réunion, affirmant obtenir le soutien de l'ensemble des forces politiques libanaises.

L'opposition, menée par le sunnite Saad Hariri, va nommer M. Salam, 67 ans, lors des consultations de deux jours qui seront entamées vendredi par le président de la République Michel Sleimane avec les différents groupes parlementaires. Le nom du nouveau Premier ministre doit être annoncé samedi.

La tradition au Liban, pays multiconfessionnel qui a connu une guerre civile (1975-1990), veut que le poste de premier ministre revienne à la communauté sunnite.

Le puissant Hezbollah chiite et son allié chrétien Michel Aoun, qui étaient en position de force dans le gouvernement sortant, ne se sont pas encore exprimés concernant la candidature de M. Salam.

M. Mikati, qui se veut une personnalité neutre, avait démissionné le 22 mars à la suite de divergences avec le Hezbollah, notamment sur la prolongation du mandat du chef de la police, Achraf Rifi, un sunnite hostile à Damas et bête noire du parti chiite, allié indéfectible de M. Assad.

Sa démission est surtout liée à la crise en Syrie, qui divise profondément le Liban entre partisans et adversaires du régime de Damas, ancienne puissance de tutelle pendant 30 ans. M. Mikati prônait une politique de neutralité envers la crise, alors que le Hezbollah défendait ouvertement le régime de Bachar al-Assad.

Tammam Salam est le fils de Saëb Salam qui a été premier ministre à plusieurs reprises entre 1952 et 1973 et appartient de ce fait à l'une des grandes familles politiques du Liban.

Il a été élu député de Beyrouth en 1996 sur la liste de Rafic Hariri, père de Saad Hariri assassiné en 2005 dans un attentat. Il a été réélu en 2009 sur la liste de Saad Hariri.

Il a fait des études d'économie et de gestion en Angleterre et est marié et père de trois enfants.