Un détenu de haute sécurité palestinien sexagénaire purgeant une peine de prison à vie est mort mardi d'un cancer en Israël, un décès vivement dénoncé par les dirigeants palestiniens qui a ravivé les tensions dans les Territoires, y compris à Gaza.

La mort de Maisara Abou Hamdiyeh, 64 ans, a déclenché des mouvements de protestation dans au moins quatre établissements pénitentiaires où sont incarcérés des prisonniers politiques palestiniens. Quelque 300 détenus ont refusé de se nourrir mardi, selon le service pénitentiaire israélien (IPS).

Des heurts ont aussi éclaté à Hébron (sud de la Cisjordanie), ville natale d'Abou Hamdiyeh, et à Jérusalem-Est, à l'entrée de la Vieille ville, où la police a tiré des grenades assourdissantes, selon l'AFP. Neuf Palestiniens ont été appréhendés. Des jets de pierres ont été signalés ailleurs en Cisjordanie.

A Gaza, des combattants palestiniens ont tiré au moins une roquette sur le sud d'Israël sans faire de victime, une opération revendiquée par une coalition de groupes salafistes locaux.

En réponse, l'armée de l'air israélienne a effectué trois frappes tard mardi soir sur la bande de Gaza, les premières depuis la trêve conclue fin novembre avec le Hamas islamiste au pouvoir à Gaza. Ces raids n'ont pas fait de blessé.

Le président palestinien Mahmoud Abbas a aussitôt imputé la responsabilité de la mort du détenu, qui s'est éteint à l'hôpital Soroka de Beersheva (sud d'Israël) où il avait été transféré durant le week-end, au gouvernement «intransigeant» du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Le Premier ministre Salam Fayyad a réclamé une commission d'enquête internationale pour inspecter les conditions de détention en Israël.

Au Caire, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, a condamné «le crime horrible commis contre le prisonnier Maisara Abou Hamdiyeh mort en martyr dans les geôles de l'occupant alors qu'il souffrait d'une maladie incurable».

Journée de deuil mercredi

Côté israélien, un responsable gouvernemental a reproché aux Palestiniens de recourir au «langage de la confrontation plutôt qu'à celui de la paix et de la réconciliation».

Abou Hamdiyeh, un ex-général des forces de sécurité de l'Autorité palestinienne, avait été arrêté en 2002 et condamné à la détention à perpétuité en 2007 pour tentative de meurtre. Il était accusé d'avoir recruté des activistes qui devaient commettre un attentat dans un café de Jérusalem en 2002, selon l'IPS.

Le service pénitentiaire a confirmé le décès en précisant qu'une procédure de remise en liberté était en cours en raison de la détérioration de l'état de santé du détenu, en phase terminale, mais qu'elle n'avait pas eu le temps d'aboutir.

Abou Hamdiyeh sera inhumé jeudi à Hébron. Très malade depuis janvier, il s'était plaint de violentes douleurs à la gorge en août dernier avant qu'un cancer ne soit détecté. Selon l'association des prisonniers palestiniens, qui défend leurs intérêts, quelque 25 Palestiniens souffrent de cancer et 18 autres de graves maladies chroniques dans les prisons israéliennes.

Le ministre palestinien des Prisonniers Issa Qaraqaë, rappelant que 207 Palestiniens étaient morts en détention depuis 1967, a appelé à une grève générale et une journée de deuil mercredi dans les Territoires.

Les 4500 détenus palestiniens en Israël doivent aussi poursuivre leur mouvement de protestation mercredi, notamment en renvoyant leurs repas. Un prisonnier qui refuse de s'alimenter par intermittence depuis des mois, Samer Issaoui, est dans «un état très dangereux pour sa santé», selon le club des prisonniers.

La mort le 23 février d'un détenu, Arafat Jaradat, 30 ans, des suites de «tortures» selon l'Autorité palestinienne, de causes encore indéterminées selon Israël, a provoqué plusieurs jours d'affrontements entre militaires israéliens et manifestants palestiniens, dont des dizaines ont été blessés.