Le principal groupe de l'opposition chiite à Bahreïn a averti les médias que le mouvement de contestation, déclenché en 2011, se poursuivrait malgré le dialogue national en cours avec le régime, dans un communiqué parvenu vendredi à l'AFP.

«La révolution pacifique pour des réformes est notre choix», a déclaré le chef d'Al-Wefaq, cheikh Ali Salmane, à l'ouverture du congrès général de ce groupe jeudi soir à Saar, un village chiite près de Manama.

Cité dans le communiqué, il a ajouté: «le peuple s'en tient à ses revendications et il n'arrêtera pas sa lutte quels que soient les défis, les obstacles et le prix à payer pour réaliser son droit légitime» à une monarchie constitutionnelle.

Des représentants des groupes de l'opposition, dont le Wefaq, et du gouvernement se réunissent deux fois par semaine depuis le lancement, le 10 février, d'un dialogue national pour sortir le pays de l'impasse politique dans laquelle il est plongé.

Jusqu'ici, «ce sont des séances préparatoires du dialogue, les négociations commenceront lorsque nous aborderons les principales revendications à l'ordre du jour, dont un gouvernement élu et les prérogatives du pouvoir législatif et judiciaire», a indiqué le chef du Wefaq.

«Toute tentative d'exercer des pressions sur l'opposition pour qu'elle accepte (...) de simples formalités sans de véritables réformes démocratiques, vous sera préjudiciable», a-t-il dit à l'adresse des représentants du régime.

Il a répété que les résultats du dialogue devraient être soumis à un référendum.

«Nous voulons passer d'un système politique tribal, où une seule famille accapare la quasi-moitié des postes ministériels, à un système où le peuple sera la source du pouvoir à travers des élections libres», a-t-il encore dit.

Une première session de dialogue national en juillet 2011 avait échoué, l'opposition s'étant retirée des pourparlers deux semaines après leur lancement en s'estimant «sous-représentée et marginalisée».

Malgré la répression meurtrière de la contestation de la mi-février à la mi-mars 2011, des manifestations continuent d'avoir lieu régulièrement dans les villages chiites autour de la capitale.

Vendredi, la police a fait usage de gaz lacrymogène et tiré des bombes assourdissantes pour disperser des centaines de personnes qui manifestaient dans le centre d'affaires à Manama, selon des témoins.

«Le peuple veut la chute du régime» et «A bas Hamad», le roi de Bahreïn, répétait la foule qui répondait à un appel du «Mouvement du 14 février», un groupe radical qui organise la contestation sur les réseaux sociaux, ont ajouté les témoins faisant état d'arrestations parmi les manifestants.

Des heurts ont ensuite éclaté dans des villages chiites près de Manama où de jeunes manifestants ont lancé des cocktails Molotov en direction des forces de sécurité, selon des habitants.

Selon la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH), au moins 80 personnes ont été tuées depuis le début de la contestation.