Le secrétaire d'État américain John Kerry a réaffirmé lundi au cours d'une visite surprise à Kaboul le soutien des États-Unis à l'Afghanistan, malgré de récentes déclarations polémiques du président Hamid Karzaï ayant entaché les relations entre les deux pays.

«Le président (Barack) Obama a été très clair dans le discours sur l'état de l'Union sur le fait que nous sommes engagés à l'égard de la souveraineté de l'Afghanistan. Nous ne laisserons pas Al-Qaïda ou les talibans ébranler cet engagement», a affirmé M. Kerry, au cours d'une conférence de presse commune avec le président Karzaï.

Les deux hommes se sont entretenu plusieurs heures, dont une bonne partie en tête-à-tête, selon un responsable américain.

Début mars, le chef de l'État afghan, dont le dernier mandat à la tête du pays s'achève au printemps 2014, avait laissé entendre que les rebelles talibans, ennemi commun de Kaboul et Washington, étaient des alliés objectifs des troupes américaines.

Il suggérait que la persistance de la rébellion pourrait servir de prétexte à Washington pour justifier son occupation prolongée du pays. Une déclaration très critiquée par ses alliés occidentaux, que M. Karzaï a niée lundi, estimant que «les médias avaient mal cité» ses propos.

Dans un souci d'apaisement, M. Kerry a dit sa «confiance» dans le fait que «le président (afghan) ne croyait absolument pas que les États-Unis aient un intérêt autre que de voir les talibans venir à la table (des négociations) pour faire la paix».

D'ailleurs, a insisté le secrétaire d'État, «nous soutenons aussi un processus de paix mené par les Afghans. (...) Nous continuons à être en phase avec le président Karzaï lorsqu'il appelle les talibans à rejoindre ce processus et à renoncer à la violence».

Les deux dirigeants ont exprimé leur accord pour l'ouverture d'un «bureau (taliban) à Doha», au Qatar, qui pourrait éventuellement servir à des contacts ou à des pourparlers.

Dimanche, le ministère afghan des Affaires étrangères avait annoncé une visite «dans les semaines à venir» d'Hamid Karzaï au Qatar pour y discuter de l'ouverture d'une représentation talibane.

«Nous savons que les talibans veulent parler au gouvernement et au Haut conseil pour la paix», une émanation de Kaboul, a souligné le chef de l'État afghan, qui a révélé des «contacts individuels» entre les deux parties.

Les talibans ont toujours rejeté toute négociation avec M. Karzaï et son gouvernement, le qualifiant de «marionnette» au service des États-Unis. Les talibans ont toutefois tenté de discuter directement avec Washington en janvier 2012, avant d'y renoncer au bout de trois mois.

Washington et Kaboul négocient par ailleurs un accord de partenariat stratégique qui doit préciser les modalités de la présence militaire américaine dans le pays après 2014, quand l'essentiel des troupes occidentales auront quitté le pays, une question sensible dans un pays allergique à toute présence étrangère prolongée.

«Ce pacte sécuritaire vise à renforcer les relations entre l'Afghanistan et les États-Unis. Le peuple afghan considère cela comme quelque chose de positif», a réagi Hamid Karzaï, qui s'est voulu optimiste.

L'un des contentieux entre Washington et Kaboul a été résolu quelques heures avant l'arrivée de M. Kerry, l'armée américaine ayant annoncé avoir transféré l'intégralité de la prison controversée de Bagram à l'armée afghane, après de longues tractations.

M. Kerry s'est félicité, au sujet de Bagram, que la «souveraineté de l'Afghanistan soit pleinement protégée» tout comme «les intérêts des États-Unis».