Les Palestiniens souhaitent que la visite du président américain Barack Obama le conduise à s'impliquer pour régler le conflit avec Israël, face au risque d'effondrement d'une solution à deux États et de leurs institutions naissantes.

«Le conflit israélo-palestinien s'est tacitement transformé, pour les diplomates américains, de nécessité en passe-temps. Obama s'est adonné à ce passe-temps au début de son premier mandat», écrivait récemment l'éditorialiste du New York Times, Thomas Friedman.

«Obama pourrait être le premier président américain en exercice à visiter Israël en tant que touriste», concluait-il alors que la Maison-Blanche a prévenu qu'il venait surtout pour «écouter».

Le député indépendant palestinien Moustapha Barghouthi a fustigé mardi la «passivité de la communauté internationale, en particulier des États-Unis».

«Nous sommes dans une situation d'urgence: soit la colonisation s'arrête immédiatement et cela ouvre d'autres possibilités, soit on peut dire adieu à la solution à deux États. Tout dirigeant responsable doit lui dire cela», a-t-il affirmé dans une conférence de presse à Ramallah, où le président palestinien Mahmoud Abbas doit recevoir Barack Obama jeudi.

L'Autorité palestinienne appelle la communauté internationale à soutenir son budget et faire pression sur Israël pour desserrer son «étranglement financier», dans un rapport présenté à une réunion des donateurs à Bruxelles, qui s'est achevée mardi par des engagements couvrant quasiment le déficit.

Le gouvernement du Premier ministre Salam Fayyad a exhorté «tous les partenaires internationaux, particulièrement dans la région arabe, à tenir compte des implications de l'actuelle crise financière et d'un possible glissement vers l'effondrement institutionnel et politique».

«La poursuite de l'occupation israélienne illégale ferme irréversiblement la porte à l'établissement d'un État palestinien dans les faits», selon le document, à en-tête de l'«État de Palestine», tirant acte de l'accession en novembre au statut d'État observateur à l'ONU qui lui permet d'adhérer à une série d'organisations et de traités internationaux.

Aide américaine bloquée au Congrès

Selon Moustapha Barghouthi, «immédiatement après le départ du président Obama, les Palestiniens devraient s'engager dans ce processus, en commençant par une lettre au président suisse exigeant l'application à la Palestine de toutes les Conventions de Genève» sur le droit humanitaire.

«Nous devrions adhérer à toutes les agences de l'ONU, et bien sûr à la Cour pénale internationale, surtout en raison de la poursuite de la colonisation», a-t-il ajouté.

«Certains s'imaginent peut-être que, parce que nous avons besoin d'aide étrangère, nous allons renoncer à nos principes», a estimé le député palestinien, «mais la plupart des gens qui manifestent, surtout les jeunes qui participent à la plus noble résistance non violente, n'en bénéficient pas de toute façon».

Quelque 300 personnes ont manifesté mardi à Ramallah contre la visite à l'appel du groupe indépendant les «Palestiniens pour la dignité».

Dans un communiqué, le groupe récusait «les tentatives de la "direction palestinienne" d'alléger l'atmosphère avec des déclarations selon lesquelles Obama ferait pression sur le gouvernement israélien sur la question des prisonniers, ou des promesses d'aumône américaine».

Le président américain a été précédé mardi par son secrétaire d'État John Kerry, qui s'est déclaré en février déterminé à verser à l'Autorité palestinienne 700 millions de dollars d'aide américaine (540 M EUR), dont 495 (380 M EUR) bloqués au Congrès.

Washington a précisé qu'il était «important pour lui (Obama) de renforcer le soutien américain à l'Autorité palestinienne», en allusion notamment à cette aide, assurant que «cette question serait abordée pendant le voyage».