Le président afghan Hamid Karzaï et son homologue pakistanais Asif Ali Zardari se sont engagés lundi au Royaume-Uni à accélérer le processus de paix en Afghanistan, au cours de discussions destinées à encourager leur coopération avant le retrait des troupes étrangères en 2014.

Les deux dirigeants, réunis avec le premier ministre britannique David Cameron, ont aussi apporté leur soutien au projet de création d'un bureau politique des talibans au Qatar, afin de faciliter le dialogue dans un pays tiers.

«Toutes les parties ont convenu de l'urgence» d'oeuvrer à la réconciliation en Afghanistan et «se sont engagées à prendre toutes les mesures nécessaires pour atteindre le but d'un accord sur la paix dans les six prochains mois», indique un communiqué transmis par Downing Street à l'issue des discussions.

Ces pourparlers se sont déroulés au manoir de Chequers, la résidence de campagne du premier ministre britannique près de Londres, au lendemain d'un dîner privé ayant réuni les trois dirigeants.

Ils constituent la troisième série de négociations après celles de Kaboul en juillet et de New York en septembre.

Les trois dirigeants «ont affirmé qu'ils soutenaient l'ouverture d'un bureau à Doha pour des négociations entre les talibans et le Haut Conseil pour la paix en Afghanistan», poursuit le texte de Downing Street.

«Ils ont appelé les talibans à prendre les mesures nécessaires à l'ouverture d'un bureau et à se joindre au dialogue», ajoute-t-il.

En janvier 2012, pour la première fois en dix ans de conflit, les talibans avaient annoncé leur intention d'ouvrir un bureau au Qatar afin de discuter avec les États-Unis. Cependant, en mars, ils avaient suspendu les discussions préliminaires après le refus de Washington de libérer des cadres talibans emprisonnés à Guantanamo, et refusent publiquement de négocier avec Kaboul.

M. Cameron, dont le pays a actuellement en Afghanistan quelque 9000 soldats, soit le deuxième contingent étranger, a lancé un appel aux talibans. «Le temps est désormais venu que tous participent à un processus pacifique et politique en Afghanistan», a-t-il déclaré au cours d'une conférence commune à l'issue des pourparlers lundi.

Les talibans n'ont pas immédiatement réagi aux annonces faites au Royaume-Uni.

MM. Karzaï et Zardari ont également «décidé de prendre des dispositions pour renforcer la coordination sur les libérations de talibans détenus au Pakistan, afin de soutenir le processus de paix et de réconciliation», indique encore le communiqué de Downing Street.

M. Karzaï a formulé l'espoir d'un avenir où Kaboul et Islamabad entretiendraient des «relations très proches, fraternelles et de bon voisinage». M. Zardari s'est, quant à lui, voulu pragmatique : «La paix en Afghanistan, c'est la paix au Pakistan», ces deux pays étant frontaliers.

L'appui du Pakistan, qui a soutenu le régime des talibans entre 1996 et 2001, est considéré comme crucial pour la paix en Afghanistan après le départ des troupes de l'OTAN.

Kaboul et Washington accusent régulièrement le Pakistan d'avoir un rôle déstabilisateur pour l'Afghanistan. Si les relations entre les deux voisins restent tendues, elles ont cependant récemment connu des améliorations.

Les autorités afghanes ont salué la libération par le Pakistan de dizaines de prisonniers talibans ces derniers mois, y voyant une chance de convaincre leur hiérarchie de rejoindre la table des négociations. L'Afghanistan a également commencé à libérer des centaines de talibans, malgré les craintes de Washington que ces ex-détenus ne retournent au front.

Après une décennie de combats, les soldats de l'OTAN et leurs alliés des forces afghanes n'ont pas réussi à mater l'insurrection, d'où la peur d'un retour au pouvoir des talibans après 2014.