L'attaque qui a visé dimanche à l'heure de pointe le quartier général de la police de Kirkouk, une ville du nord de l'Irak que se disputent Bagdad et le Kurdistan irakien, a fait 30 morts et 88 blessés, au moment où le pays traverse une grave crise politique.

L'assaut contre le bâtiment, entouré de murs en béton anti-explosions, s'est déroulé tôt dimanche, premier jour de la semaine de travail en Irak, à l'heure où les employés se rendaient sur leur lieu de travail en centre-ville.

L'attaque n'a pas été revendiquée, mais les insurgés sunnites, dont Al-Qaïda en Irak, visent régulièrement les forces de sécurité dans l'espoir de déstabiliser le gouvernement de Nouri al-Maliki, un chiite. Certains responsables locaux ont d'ailleurs attribué l'attentat au réseau extrémiste.

Depuis fin décembre, le premier ministre est au centre d'un ample mouvement de contestation de la minorité sunnite, qui représente environ 24% de la population irakienne. Elle manifeste dans les régions où elle est majoritaire pour dénoncer sa «marginalisation» et pousser M. Maliki à la démission.

L'attaque de dimanche à Kirkouk a été déclenchée par un kamikaze au volant d'un véhicule maquillé en voiture de police. Il s'est arrêté au poste de contrôle du portail principal du complexe et s'est fait exploser.

Trois de ses complices, vêtus d'uniformes de police, ont ensuite réussi à s'engouffrer à l'intérieur du complexe, tout en lançant des grenades, avant d'être abattus, selon des témoins.

«J'ai vu un véhicule s'arrêter au barrage de l'entrée principale et la police a commencé à le contrôler», a rapporté Khosrat Hassan Karim, un témoin, à l'AFP. «Tout à coup, il y a eu une énorme explosion, c'était terrifiant (...). J'ai vu beaucoup de gens tués alors qu'ils étaient au volant de leur voiture».

Le quartier général ainsi que les magasins et immeubles d'habitation des alentours ont été fortement endommagés par la détonation et tous les accès au centre-ville ont été bloqués par les autorités, selon un correspondant de l'AFP sur place.

Des assaillants «très organisés»

Selon le général Natah Mohammed Sabr, chef des services d'urgence de Kirkouk, l'attentat a fait 30 morts, dont 4 policiers, et 88 blessés, dont 12 policiers.

Parmi les blessés se trouve le général Sarhad Qader, qui commande les forces de police de la périphérie de Kirkouk.

Les assaillants «voulaient manifestement libérer des prisonniers. Ils étaient très organisés», a-t-il dit depuis un hôpital d'Erbil, au Kurdistan voisin, où il est soigné. «La police s'est interposée et nous les avons tous tués», a-t-il assuré.

Kirkouk, où cohabitent Arabes, Kurdes et Turcomans, fait partie d'une bande de territoire du nord de l'Irak que revendiquent Bagdad et la région autonome du Kurdistan irakien. Observateurs et diplomates considèrent cette dispute territoriale comme la plus grande menace pour la stabilité à terme de l'Irak.

Kirkouk, mais aussi Mossoul, un peu plus au nord-ouest, et Touz Khourmatou, également dans le nord de l'Irak, sont à intervalles réguliers le théâtre d'attaques sanglantes menées par les insurgés.

Toujours dimanche, deux membres des Sahwa (Le réveil, en arabe), une milice qui lutte contre Al-Qaïda, ont été tués au nord de Bagdad.

Même si elles n'atteignent plus les niveaux connus à l'époque du conflit interconfessionnel de 2006-2008, les violences continuent à endeuiller l'Irak de façon quasi quotidienne. En janvier, mois le plus meurtrier depuis septembre, elles ont fait 246 morts, selon un bilan compilé par l'AFP.