Le match entre le Beitar Jérusalem et l'équipe du Maccabi Oum el-Fahem, club d'une ville arabe du nord d'Israël, se déroulait mardi soir à Jérusalem sous très haute tension avec la protection de la police en raison des craintes de dérapages racistes.

Des centaines de policiers, y compris des membres d'unités spéciales anti-émeutes, étaient déployés à l'intérieur et à l'extérieur du stade Teddy Kollek, le terrain du Beitar, pour éviter tout heurt, a constaté l'AFP.

Les partisans arabes sont arrivés à bord de 25 autobus, portant le keffieh et chantant, pour certains, «Allah Akbar» et des slogans nationalistes palestiniens au rythme de tambours.

«L'atmosphère est très tendue, j'espère, qu'avec l'aide de Dieu, que tout cela ne va pas dégénérer. Dès le début du match les partisans du Beitar nous ont injuriés», a déclaré à l'AFP le président de l'équipe d'Oum el-Fahem, Mohammed Daoud Abou Raja.

Des fourgons cellulaires de la police étaient garés à proximité du stade à moitié rempli. Onze partisans du Beitar ont été expulsés de l'enceinte et une cinquantaine interdits d'entrée, selon la police.

Pour réduire les risques d'affrontements, les partisans des deux clubs sont entrés dans l'enceinte par des portes différentes après avoir passé plusieurs contrôles et fouilles au corps des policiers qui confisquaient drapeaux et banderoles.

Des fans du Beitar vendaient les écharpes jaunes et noires frappées du chandelier à sept branches et de deux lions, symboles de l'équipe hiérosolymitaine.

«Il n'y aura pas d'Arabes ou de musulmans au Beitar, ils ne méritent pas de porter le maillot avec la ménorah (le chandelier)», proclamait Maurice Ben Hamo, un partisan d'une vingtaine d'années.

Motti Botra, un quinquagénaire un tantinet excité, accusait lui «les Arabes d'entonner des chants racistes». «Ils ne nous respectent pas, ils veulent nous tuer, on n'en veut pas ici».

Mais Tzahi Sinaï, un soldat, refusait en revanche de mêler politique et sport. «La violence et le racisme n'ont pas leur place sur le terrain», plaidait-il.

Écoeurement

La tension qui a précédé le match a été telle que la direction du Beitar Jérusalem avait demandé en vain à la Fédération de football (soccer) que ce match se tienne sans public.

Un noyau dur de partisans du Beitar Jérusalem, connu pour ses débordements racistes, avait protesté samedi, lors du dernier match du club, contre le recrutement de deux joueurs musulmans de la république de Tchétchénie, décidé par le propriétaire du club, Arcadi Gaydamak, d'origine russe.

Le président israélien Shimon Peres, dans une lettre au président de la Fédération en vue du match, a «appelé tous les fans de football à s'abstenir de toute expression ou manifestation de racisme à l'intérieur comme à l'extérieur des stades».

«Les récents événements au Beitar Jérusalem doivent être condamnés», a poursuivi M. Peres, selon un communiqué, ajoutant que «le racisme a frappé le peuple juif plus durement qu'aucun autre au monde».

L'ex-premier ministre et ancien maire de Jérusalem (1993-2003) Ehud Olmert, fan déclaré du Beitar, a annoncé dans une tribune publiée mardi par le Yediot qu'il n'irait «plus aux matchs» du club tant qu'il n'aurait pas «exclu les groupes racistes en les séparant de l'équipe».

Les partisans du Beitar sont connus pour leur ultranationalisme et leurs fréquents dérapages racistes anti-arabes, qui ont valu de nombreuses sanctions au club. Ils avaient fait scandale en 2007 en conspuant le nom du premier ministre Yitzhak Rabin, assassiné en 1995 par un extrémiste de droite.

Descendants des 160 000 Palestiniens restés sur leur terre après la création d'Israël en 1948, les Arabes israéliens sont aujourd'hui environ 1,4 million, soit 20 % de la population. Exemptés de service militaire obligatoire, ils subissent des discriminations, en particulier en matière de logement et d'emploi.