Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a déclaré mercredi que les Israéliens étaient les «seuls à décider» qui défend au mieux leurs intérêts, à l'adresse du président américain Barack Obama.

«Je pense que tout le monde sait que les citoyens israéliens sont les seuls à décider qui représentera fidèlement les intérêts vitaux de l'État d'Israël», a affirmé M. Nétanyahou, en réponse à une question sur des propos attribués au président américain, à moins d'une semaine des élections législatives, selon lesquels Obama jugeait «contre-productives» les politiques de «Bibi».

«Ces quatre dernières années, nous avons été confrontés à des pressions considérables et nous continuerons à défendre les intérêts vitaux d'Israël et sa sécurité», a-t-il insisté, selon des propos diffusés à la radio israélienne.

Obama accusé d'ingérence dans les élections israéliennes

Des parlementaires israéliens ont accusé mercredi Barack Obama de s'ingérer dans les élections israéliennes prévues le 22 janvier, après un éditorial affirmant que le président américain jugeait «contre-productives» les politiques du premier ministre Benjamin Netanyahu.

L'éditorial qui attribue ses propos au président américain, publié par Jeffery Goldberg, un célèbre chroniqueur de Bloomberg View, faisait la Une de la presse israélienne mercredi et a déclenché des réactions de colère de parlementaires appartenant au Likoud, le parti de droite de M. Nétanyahou.

Dans cet article, M. Goldberg affirme que le président Obama voit le premier ministre israélien comme «un lâche» vis-à-vis du processus de paix avec les Palestiniens, complètement «prisonnier du lobby des colons», et juge que le processus de colonisation en cours emmène Israël «sur un chemin (le conduisant) près d'un isolement total».

«Ceci constitue une interférence grossière du président américain dans les élections israéliennes», ont souligné de hauts responsables du Likoud à Israel HaYom, un quotidien ouvertement pro-Nétanyahou.

D'autres ont déclaré au Jerusalem Post que M. Obama était «en train de prendre sa revanche» sur M. Nétanyahou, qui avait ouvertement apporté son soutien à son rival, le républicain Mitt Romney, lors de la campagne présidentielle américaine, l'automne dernier.

Dans un premier temps le bureau de M. Nétanyahou s'est refusé à tout commentaire sur cet article, avant que le premier ministre lui-même ne réagisse.

De son côté, Danny Danon, numéro 5 sur la liste du Likoud, a affirmé au quotidien Yediot Aharonot que tels commentaires auraient seulement pour conséquence d'«amener plus de sièges» à M. Nétanyahou, qui fait déjà la course en tête.

Dans son article, M. Goldberg écrit que M. Obama n'a pas été surpris quand Israël a annoncé son projet de construire dans la zone E1, un secteur ultra-sensible de Cisjordanie situé près de Jérusalem, estimant qu'il s'inscrivait dans le cadre des «politiques contre-productives» de M. Nétanyahou.

Si le projet E1 était mené à bien, il couperait en deux la Cisjordanie et l'isolerait de Jérusalem, compromettant la viabilité d'un futur État palestinien.

Même si les États-Unis n'arrêteront pas leur aide à Israël, l'État hébreu pourrait néanmoins remarquer bientôt un «changement significatif» en «terme de protection diplomatique américaine (...) en particulier à l'ONU», écrit le chroniqueur, laissant entendre que les États-Unis pourraient ne pas faire de lobbying pour réunir des votes contre des résolutions perçues comme anti-israéliennes, et pourraient même s'abstenir.