Les partis centristes israéliens tentent difficilement de s'unir face au bloc de droite du premier ministre Benyamin Nétanyahou, donné vainqueur aux élections législatives du 22 janvier.

L'ancienne ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni, qui a créé son parti HatTnuah pour ce scrutin, n'est pas parvenue à convaincre le centre et la gauche de former un front anti-Nétanyahou, à la veille du début mardi de la campagne officielle à la télévision et à la radio.

«Nous ne nous sommes pas mis d'accord, ce que je regrette», a déclaré lundi Mme Livni, après une première rencontre dimanche soir avec la dirigeante du parti travailliste Shelly Yachimovich et Yaïr Lapid, fondateur du parti centriste Yesh Atid, tout en affirmant que les contacts se poursuivraient.

«Le but de la rencontre était de trouver un moyen de remplacer le gouvernement Nétanyahou. J'ai proposé que nous fassions une campagne commune jusqu'aux élections», a-t-elle précisé.

«Une telle union offre un immense potentiel d'espoir pour beaucoup de gens, il n'y a pas de raison pour que ça ne fonctionne pas», a affirmé lundi Mme Yachimovich.

Mme Livni accorde la priorité à un accord de paix avec les Palestiniens, tandis que Mme Yachimovich met en avant les réformes sociales, en espérant surfer sur la plus importante vague de contestation sociale qu'ait connue Israël, durant l'été 2011.

M. Lapid se pose en défenseur des classes moyennes. Il refuse de s'engager à ne pas rejoindre une coalition dirigée par M. Nétanyahou, tout en affirmant ne pas vouloir être associé à une «coalition formée par l'extrême droite et les religieux».

Selon la presse, tous trois envisagent de former un bloc après les élections, soit pour pousser M. Nétanyahou à accepter un gouvernement d'union, soit pour rester ensemble dans l'opposition et laisser le Likoud diriger un gouvernement très à droite avec les partis religieux, qui n'aurait qu'une majorité restreinte.

Égalité avec Likoud-Israël Beiteinou

Les derniers sondages accordent aux trois partis réunis de 36 à 38 sièges sur 120 à la Knesset (Parlement), à peine plus que la liste commune du Likoud et d'Israël Beiteinou - la formation ultranationaliste d'Avigdor Lieberman - créditée de 34 à 36 sièges.

M. Nétanyahou peut cependant trouver la majorité dont il a besoin auprès de ses alliés naturels du parti nationaliste religieux Foyer Juif (13 à 16 sièges selon les sondages) et des partis ultra-orthodoxes Shass (11) et Judaïsme unifié de la Torah (5).

Lors d'une réunion commune avec M. Lieberman lundi, le premier ministre a fait état de contacts entre les partis centristes et les formations ultra-orthodoxes pour l'empêcher de constituer une majorité, a rapporté la radio militaire.

«Face à cette union de la gauche, nous avons besoin d'un Likoud-Beiteinou fort, c'est le seul moyen de nous assurer que nous dirigerons le prochain gouvernement», avait lancé M. Nétanyahou dimanche soir. «Voter pour un autre parti ne fait que renforcer la gauche», a-t-il déclaré en allusion au Foyer Juif, qui semble prendre des voix au Likoud.

Le chef de ce parti, Naftali Bennett, a lui aussi évoqué lundi sur sa page Facebook «les dangers d'une coalition de gauche», mais pour en tirer l'argument contraire: «Voter pour Foyer Juif, c'est s'assurer que Nétanyahou nous choisira comme partenaire et pas les trois partis de gauche».

De l'autre côté de l'échiquier, Zehava Galon, dirigeante du parti de gauche laïc Meretz, crédité de 4 sièges, a qualifié «d'opportunisme politique» la tentative d'union du centre: «Après s'être présentés comme des partis d'opposition, ils tentent maintenant de faire partie du prochain gouvernement Nétanyahou».