Une policière afghane a tué par balle à la veille de Noël un conseiller civil de l'OTAN au quartier général de la police en plein coeur de Kaboul, une première «attaque de l'intérieur», de forces locales sur leurs alliés occidentaux, signée au féminin.

La femme portant l'uniforme de la police afghane a ouvert lundi le feu sur ce conseiller de la mission de l'OTAN en Afghanistan (Isaf), dont la nationalité n'a pas été dévoilée, ont indiqué des sources sécuritaires afghanes, sans préciser les motifs de cette agression.

Le conseiller civil de l'OTAN décédé, a regretté un porte-parole de l'Isaf, précisant qu'une enquête avait été diligentée sur cet incident. La femme a été interpellée après une intervention policière digne d'un film d'action.

«J'ai entendu des tirs et j'ai vu cette femme vêtue de l'uniforme de la police qui tirait en l'air en courant avec son fusil. Je l'ai poursuivie et ai sauté sur elle. J'ai mis mon fusil sur sa tempe et lui ai dit de ne pas bouger», a confié à l'AFP un policier afghan rencontré sur les lieux du crime.

«Elle a abandonné et je l'ai dépouillée de son arme», a ajouté cet homme qui a demandé à garder l'anonymat, ajoutant que l'attaque était survenue dans la cour du quartier général de la police.

Des soldats américains quadrillaient le quartier général de la police dans le centre de la capitale afghane après l'attaque, selon un photographe de l'AFP sur place. L'ambassade américaine a toutefois indiqué ne pas être en mesure pour le moment de confirmer la nationalité de la victime.

Outre ce «tir de l'intérieur», l'Afghanistan a connu lundi un autre épisode des «tirs fratricides» - intra forces afghanes - lorsqu'un responsable de la police de la province de Jawzjan (nord) a tué cinq de ses collègues de la police locale afghane (ALP), une unité de proximité mise sur pied en 2010 et formée par des soldats américains.

Depuis le début de l'année, près de 60 soldats de l'OTAN ont été tués par des hommes portant l'uniforme afghan, un phénomène inédit qui donne des maux de tête à la coalition. La multiplication de ces «attaques de l'intérieur» a aussi instauré un climat de méfiance entre soldats étrangers et alliés afghans.

Le dernier cas de «tir de l'intérieur» remonte à plus d'un mois. Un soldat britannique avait été tué le 11 novembre dans la province instable du Helmand (ouest), en proie à l'insurrection des talibans loin de la capitale Kaboul, beaucoup plus sécurisée.

L'OTAN attribue une grande partie de ces attaques à des différences culturelles, mais reconnaît aussi que le quart d'entre elles sont dues à des infiltrations des forces de sécurité afghanes par les insurgés talibans.

La mission de combat de l'OTAN en Afghanistan se termine fin 2014. Après cette échéance, les forces afghanes assureront seules la protection du territoire contre les talibans.

Les forces afghanes ont dû rapidement gonfler leurs effectifs à 350.000 hommes pour se préparer à prendre le relais des Occidentaux. Or des critiques estiment que ce recrutement accéléré a nui à la sélection des candidats et a facilité l'infiltration des talibans.

Des observateurs pronostiquent une guerre civile ou le retour des talibans au pouvoir à Kaboul après le retrait de l'essentiel des forces occidentales en Afghanistan en 2014.

Mais les rapprochements récents entre l'Afghanistan et le Pakistan voisin, doté de liens historiques avec les insurgés talibans, font aussi ressurgir l'espoir d'un accord de paix pour stabiliser le pays après 2014 en intégrant notamment les rebelles islamistes au pouvoir.