Le président irakien Jalal Talabani, 79 ans, hospitalisé en urgence à Bagdad pour une attaque cérébrale selon la télévision officielle, va pouvoir être transféré en Allemagne pour recevoir des soins après une amélioration de son état de santé, selon des responsables.

«L'état du président s'améliore, et il sera transféré dans un hôpital en Allemagne demain» jeudi, a déclaré mercredi à l'AFP le Dr Najmeddine Karim, l'un de ses médecins.

A Berlin, le ministère des Affaires étrangères n'a pas souhaité commenter ces informations.

Barzan Cheikh Othman, le responsable en charge de la presse au bureau de M. Talabani, a affirmé que la décision de le transférer en avion vers l'Allemagne avait été prise par une équipe de médecins venus d'Irak, d'Allemagne et de Grande-Bretagne pour soigner le président.

La chaîne Iraqiya a indiqué lundi, le jour de l'hospitalisation de M. Talabani, qu'il avait été victime d'une attaque cérébrale et la présidence a parlé d'un «durcissement des artères». Les médecins n'ont pas donné de précisions sur les problèmes médicaux de M. Talabani.

Mais plusieurs responsables ont fait état d'une amélioration de son état de santé.

«Des examens ont montré une amélioration de l'état de santé de son Excellence», a déclaré à la presse le Dr Hani Moussa Badr, directeur de la Cité médicale de Bagdad où a été admis le chef de l'Etat.

«Nous confirmons qu'il y a une amélioration», a indiqué le ministre adjoint de la Santé Issam Nameq, précisant que l'Iran, l'Allemagne et la Grande-Bretagne avaient envoyé des équipes médicales au chevet du président.

M. Talabani a été désigné président de la République en avril 2005, deux ans après le renversement de Saddam Hussein et après avoir consacré une grande partie de sa vie à lutter clandestinement contre le pouvoir central de Bagdad.

Premier chef d'état kurde d'Irak, il a été élu en 2006 et réélu en 2010 pour un mandat de quatre ans.

La présidence est en théorie une fonction essentiellement honorifique en Irak, mais M. Talabani, un ancien seigneur de la guerre kurde, s'est construit ces dernières années une solide réputation d'homme de paix pour avoir tenté de réduire les profonds clivages qui persistent entre les communautés du pays.

En mars dernier, il avait appelé à la tenue d'une «conférence nationale» destinée à résoudre la crise politique entre dirigeants chiites d'un côté et sunnites et kurdes de l'autre, mais cette réunion se fait toujours attendre.

«Jalal Talabani est un lien crucial entre le Kurdistan irakien et Bagdad», a souligné Maria Fantappie, analyste pour l'International Crisis group, un rôle d'autant plus important que les tensions se sont aggravées entre la région autonome du Kurdistan et le pouvoir central à Bagdad.

«Talabani a eu un rôle clé de médiateur, garantissant le maintien du dialogue entre les Kurdes et le gouvernement central», a-t-elle souligné.

«Son influence et ses compétences de médiation ont joué un rôle important pour apaiser la scène politique chaotique du pays», confirme John Drake, analyste chez le centre de réflexion AKE.

En vertu de la Constitution irakienne, «le vice-président de la République remplace le président en cas de vacance du poste pour n'importe quelle raison, et le Parlement devra élire un nouveau président, dans une période n'excédant pas les 30 jours à partir de la date à laquelle le poste est devenu vacant».

Un seul des deux vice-présidents, M. Khoudaïr al-Khouzaï, est susceptible de remplacer M. Talabani en cas de besoin. Le second, Tarek al-Hachémi, est en fuite, et a été condamné à mort par contumace cinq fois, notamment pour meurtres.

M. Talabani a dû faire face à plusieurs problèmes de santé ces dernières années. Il a été opéré du coeur avec succès aux États-Unis en août 2008, et soigné plusieurs fois à l'étranger.