Environ 200 Afghans ont attaqué le consulat d'Iran dimanche à Herat, dans l'ouest de l'Afghanistan, pour protester contre le meurtre présumé de migrants afghans par les forces de sécurité iraniennes, a constaté l'AFP.

La foule a jeté des pierres et brisé les vitres de cette représentation diplomatique, avant d'être repoussée par plusieurs dizaines de policiers afghans, qui ont tiré en l'air, selon le correspondant de l'AFP présent sur les lieux.

Les manifestants protestaient contre la mort de 13 migrants afghans, abattus selon eux par les forces de sécurité iraniennes alors qu'ils avaient franchi illégalement la frontière entre les deux pays, qui se trouve à une centaine de kilomètres d'Herat.

«Ces derniers mois, nous avons demandé aux Iraniens de nous rendre les corps de nos proches mais ils ne l'ont pas fait», a expliqué l'un des manifestants.

Derrière lui, d'autres criaient : «Mort à l'Iran, mort à Ahmadinejad (le président iranien)», «Nous soutiendrons les États-Unis s'ils envahissent l'Iran» ou encore «Nous préférons les Américains à l'Iran».

Un responsable du consulat iranien, cité par l'agence Isna, a assuré que Téhéran n'avait «aucune preuve» de l'entrée, illégale ou pas, de ces migrants et de leur mort en Iran. «Les personnes qui soutiennent ces accusations n'ont présenté aucune preuve non plus», a-t-il ajouté.

«À la demande du ministère afghan des Affaires étrangères, nous avons délivré il y a quelques mois des visas à trois ou quatre personnes pour se rendre en Iran et tenter d'éclaircir la chose, a-t-il expliqué. Ces personnes sont venues en Iran et à leur retour elles n'ont fourni aucune preuve pour étayer leurs accusations».

Plusieurs centaines d'Afghans essaient chaque jour de passer la frontière afghano-iranienne, afin de trouver en Iran un travail qu'ils ne trouvent pas dans leur pays, ravagé par plus de 30 années de guerre.

Près de 2,4 millions d'Afghans, réfugiés ou illégaux, vivent en Iran, la plupart depuis l'invasion soviétique de l'Afghanistan dans les années 1980. L'Iran et le Pakistan, les deux puissances voisines de l'Afghanistan, sont les destinations de prédilection pour les migrants politiques ou économiques afghans.

Nombre d'entre eux finissent toutefois dans des geôles iraniennes, où ils sont parfois victimes de mauvais traitements, selon des organisations humanitaires.

Téhéran est également accusé d'utiliser les migrants afghans comme une arme contre Kaboul, qui négocie actuellement avec les États-Unis un pacte sécuritaire - qui permettrait aux troupes américaines de rester en Afghanistan après le retrait des forces de l'OTAN à la fin 2014 -, ce que refuse l'Iran.