Le chef des services secrets afghans Asadullah Khalid, homme-clé du pouvoir et ennemi farouche des talibans, a été blessé jeudi à Kaboul dans un attentat revendiqué par les rebelles, et son sort restait incertain, selon plusieurs sources sécuritaires.

Le «chef des services de sécurité a survécu à une lâche attaque terroriste dans Kaboul», a annoncé le NDS (le directoire national pour la sécurité, les services secrets afghans) dans un communiqué.

Des informations contradictoires, plus ou moins alarmantes, circulaient en fin d'après-midi sur l'état de santé de M. Khalid, âgé d'une quarantaine d'années.

«Ses jours ne sont pas en danger», a d'abord affirmé une source sécuritaire.

«Il est grièvement blessé», a toutefois déclaré à l'AFP un diplomate occidental sous couvert d'anonymat. Un médecin de l'hôpital du NDS, où M. Khalid a été transporté, a quant à lui indiqué que le chef des services secrets était «grièvement blessé à l'estomac et à la tête» et qu'«il avait entendu dire qu'il était mort».

Dans un courriel envoyé à l'AFP et revendiquant cette attaque, le porte-parole des talibans, Zabiullah Mudjahid, a affirmé que le chef des services secrets afghans était «dans le coma», soulignant qu'il était «une cible prioritaire» des rebelles.

L'explosion n'était pas très forte, ont indiqué des témoins à l'AFP, alors qu'un cordon installé dans la rue empêchait les curieux de s'approcher près du lieu de l'attaque, dont les circonstances restaient elles assez confuses.

Selon Mohammad Daud Amin, l'adjoint au chef de la police de Kaboul, M. Khalid a été victime d'une «attaque à la grenade». Une source sécuritaire, qui a requis l'anonymat, a en revanche indiqué qu'un «visiteur» avait commis «un attentat-suicide», auquel il n'a pas survécu, contre le patron du NDS.

Un tel mode opératoire, s'il était confirmé, rappellerait l'assassinat de Burhanuddin Rabbani, ancien président afghan chargé par le gouvernement de négocier la paix avec les talibans, tué en octobre dernier chez lui à Kaboul par un visiteur portant une bombe dans son turban.

Selon les autorités afghanes, cet assassinat avait été planifié au Pakistan, qu'elles accusent régulièrement de soutenir les rebelles talibans, et commis par un kamikaze pakistanais.

Asadullah Khalid avait été nommé à la tête du NDS fin août par le président Hamid Karzaï, alors qu'il était ministre des Frontières et des Affaires tribales.

Cette nomination, approuvée mi-septembre par les députés afghans, avait été vivement critiquée par plusieurs organisations de défense des droits de l'homme, qui accusent M. Khalid de corruption, de trafic de drogue et d'avoir laissé torturer des prisonniers après 2001, à l'époque où il était gouverneur des provinces de Ghazni et de Kandahar (sud). M. Khalid a toujours démenti ces accusations.

Selon la force internationale de l'OTAN (ISAF), l'action du NDS, doté d'un réseau de collaborateurs et d'informateurs étoffé, est l'un des principaux facteurs expliquant la réduction du nombre d'attaques des insurgés en 2012, particulièrement à Kaboul, la capitale.

Malgré onze années de présence de l'ISAF, qui apporte un soutien aux forces de sécurité afghanes, la rébellion menée par les talibans n'a jamais pu être vaincue.

Les insurgés, surtout présents dans l'est et le sud du pays, sont incapables d'attaquer frontalement les forces loyalistes. Mais ils multiplient les attaques - le plus souvent des attentats suicide et des bombes artisanales - contre les autorités, y compris parfois au coeur de la capitale et des lieux de pouvoir.

PHOTO AHMAD NADEEM, ARCHIVES REUTERS

Le chef des services secrets afghans, Asadullah Khalid.