Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé à New York, a demandé dimanche à Israël de fournir des «explications immédiates et détaillées» sur les tirs qui ont ciblé des médias palestiniens et internationaux lors de sa récente opération militaire à Gaza.

Dans une lettre au premier ministre Benyamin Nétanyahou, le CPJ se dit «profondément préoccupé par les frappes aériennes israéliennes ayant visé des journalistes et des organes de presse dans la bande de Gaza entre le 18 et le 20 novembre».

Le CPJ rappelle que deux cameramen de la chaîne de télévision du Hamas, Al-Aqsa, ainsi que le directeur de la station de radio éducative Al-Quds, ont péri lors de raids menés par l'armée israélienne au cours de son opération «Pilier de défense» (14-21 novembre).

Au moins trois bâtiments accueillant des organes de presse ont été touchés pendant l'opération, dont celui où se trouve le bureau de l'Agence France-Presse (AFP) dans le centre-ville de Gaza. L'immeuble qui abrite l'AFP a été touché dans la soirée du 20 novembre, puis une nouvelle fois le lendemain. Ce dernier bombardement a fait un mort, un enfant palestinien, dans un immeuble mitoyen. Aucun employé de l'AFP n'a été blessé.

«Les autorités israéliennes ont assuré que les personnes et bâtiments visés étaient impliqués dans des activités terroristes, mais elles n'ont fourni aucune preuve pour étayer ces accusations très graves», souligne le CPJ dans sa missive à Benyamin Nétanyahou.

«Nous exigeons des explications immédiates et détaillées de la part de votre gouvernement», écrit Joel Simon, directeur exécutif du CPJ.

Sollicité par l'AFP, Mark Regev, le porte-parole de M. Nétanyahou , a indiqué qu'Israël fournirait une réponse à la lettre du CPJ par l'intermédiaire de l'ambassade d'Israël aux Etats-Unis.

«Israël a fait le maximum pour éviter de tuer les journalistes pris dans le feu», a assuré M. Régev.

«Dans un certain nombre de cas, des responsables terroristes ont utilisé des journalistes comme boucliers humains, dans ces cas-là nous avons opéré aussi précisément qu'humainement possible», a encore affirmé le porte-parole.

«Tous ceux qui se préoccupent du bien-être des journalistes devraient faire part de leurs inquiétudes au Hamas (au pouvoir à Gaza) et au Jihad islamique, mais j'imagine qu'on ne saurait trop attendre de groupes terroristes», a-t-il encore fait valoir.

Dans sa lettre, le CPJ a estimé que tous les journalistes «quel que soit le point de vue d'où ils rapportent» ont droit à une protection en vertu du droit international.

«Ce n'est pas au gouvernement israélien de définir sélectivement qui est et qui n'est pas journaliste selon des critères de nationalité ou d'affiliation professionnelle», a plaidé le Comité.

Les autorités israéliennes n'ont pas fourni jusqu'à présent de précisions à l'appui de leurs accusations de terrorisme à l'encontre des trois journalistes palestiniens tués à Gaza.

«Il y a de nombreuses fois où nous ne pouvons pas partager publiquement des informations sensibles. Non seulement, ils étaient des terroristes mais ils se sont servis de la presse pour couvrir leurs activités», a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'armée, Aryeh Shalicar.

Reporters sans frontières (RSF) avait condamné «fermement le tir délibéré de l'armée israélienne contre des professionnels de l'information de la chaîne du Hamas».