Les talibans ont mené dimanche une attaque suicide d'envergure impliquant plusieurs kamikazes contre l'aéroport de Jalalabad, qui abrite, dans l'est de l'Afghanistan, une base importante de la force de l'OTAN, démontrant que leur potentiel de nuisance reste fort à deux ans du retrait prévu des troupes combattantes étrangères.

Cinq Afghans --trois gardes et deux civils-- ont péri, les assaillants n'ayant manifestement pas pu pénétrer au-delà du premier rideau défensif de ce camp ultrafortifié. Mais «un certain nombre» de soldats étrangers ont également été blessés, selon l'OTAN qui n'a pas donné davantage de détails.

L'Isaf, la force armée de l'OTAN, affirme avoir infligé de très lourdes pertes aux rebelles cet été, à deux ans du retrait de l'essentiel de ses troupes du pays. Les insurgés, par des attaques de grande ampleur, comme celle de Jalalabad, rappellent qu'ils sont toujours en mesure de les harceler, voire de résister, même s'ils ne peuvent s'opposer frontalement à l'Isaf.

Le précédent coup d'éclat des talibans s'était produit dans le Helmand en septembre, quand un commando d'une quinzaine d'hommes avait réussi à pénétrer dans le Camp Bastion (sud), détruisant notamment six avions et des infrastructures, avant de se faire tuer.

Dimanche, plusieurs kamikazes ont fait exploser leurs bombes à Jalalabad, d'autres ont tiré à la roquette et au mortier sur l'enceinte, tandis que des hélicoptères de l'Isaf ont immédiatement riposté.

Si les deux parties ont employé les grands moyens, durant un peu plus de deux heures de combats, le bilan est relativement modeste.

Cinq Afghans (trois gardes et deux civils) ont été tués et 18 blessés (14 gardes et 4 civils), alors que les assaillants ont perdu neuf hommes, dont trois en kamikazes, a énuméré Hazrat Hussain Mashriqiwal, un porte-parole de la police de la province du Nangarhar, où se trouve Jalalabad.

«Un certain nombre de soldats de la coalition ont été blessés», a déclaré un porte-parole de l'Isaf à l'AFP, sans préciser leur nombre. «Aucun mort n'a pour l'instant était rapporté», ont ensuite communiqué les forces de la coalition sur Twitter.

Le ministère de l'Intérieur fait lui état de huit morts côté rebelles, dont deux kamikazes qui ont fait exploser leurs voitures piégées aux portes de l'aéroport.

Les talibans ont revendiqué l'attaque dans un appel téléphonique à l'AFP, affirmant que leurs combattants ont pénétré dans l'aéroport, entouré pourtant de plusieurs rideaux de protection, ce que nie l'Isaf.

Après une énorme explosion, l'aéroport a été la cible de roquettes, de mortiers et d'armes de petits calibres, a déclaré un garde.

Un autre porte-parole de l'Isaf a confirmé que «de multiples explosions» avaient retenti. Mais «aucun des assaillants n'a réussi à franchir le périmètre de sécurité», a assuré la force internationale.

«Ils n'ont pas pu s'approcher des forces de l'OTAN. Ils ont été tués entre la première et la deuxième porte», a déclaré un responsable sécuritaire afghan, invoquant la mort de six assaillants, abattus, et de trois gardes.

D'après Abdulqahar Balkhi, qui communique pour les talibans sur Twitter, au moins deux voitures piégées ont été actionnées par leurs conducteurs à une porte de l'enceinte et à l'intérieur.

Les assaillants ont ensuite tiré à l'arme lourde et légère sur des soldats américains, assure-t-il, mais les talibans sont toujours prompts à exagérer les bilans de leurs attaques.

L'aéroport de Jalalabad abrite l'une des plus importantes bases aériennes de l'Isaf, tenue par l'armée américaine, laquelle compose plus des deux tiers des troupes internationales.

Les talibans, depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir à la fin 2001 par une coalition internationale menée par les États-Unis, mènent une insurrection sous forme de guérilla contre les troupes étrangères et les forces afghanes.

Malgré un impressionnant dispositif de protection, les talibans ont déjà attaqué à deux reprises l'aéroport de Jalalabad cette année. Le 27 février, un attentat suicide à la voiture piégée avait fait au moins six morts et sept blessés.

L'infrastructure avait également été attaquée le 15 avril, jour où les rebelles avaient lancé une attaque coordonnée contre différents objectifs dans le pays, dont la capitale Kaboul.