Des millions de chiites se sont rassemblés dimanche dans la ville sainte irakienne de Kerbala pour la commémoration du deuil de l'Achoura, pour l'instant épargné par les attaques meurtrières de ces dernières années.

Dix personnes ont été blessées dans un attentat à la bombe au bord d'une route dimanche à l'est de Baqouba, dans la province de Diyala (nord de Bagdad), selon la police et un médecin.

Il s'agit de la seule attaque contre des pèlerins recensée depuis le 17 novembre, lorsqu'une voiture piégée avait tué 3 personnes et blessé 25 autres au nord de Bagdad.

La violence contre les pèlerins s'est avérée bien moindre cette année que par le passé.

Dans la province de Kerbala, aucune attaque n'a pour l'instant été enregistrée, selon le lieutenant colonel Ahmed Mohammed al-Hasnawi, porte-parole des forces de sécurité de la zone.

Dans cette ville sainte du centre de l'Irak, à 100 km au sud de Bagdad, environ 3 millions de pèlerins, dont 200 000 venus de l'étranger, se sont cette année rassemblés pour l'Achoura, a indiqué à l'AFP le gouverneur de la province, Amal al-Din al-Har.

Dimanche, à l'apogée des commémorations, des foules de pèlerins se sont frappé la poitrine, et certains se sont donné des coups de sabre sur la tête, en signe de deuil pour l'imam Hussein, petit-fils du prophète Mahomet tué en 680 et dont le corps mutilé repose, selon la tradition, à Kerbala.

Via des haut-parleurs installés autour du mausolée, un homme a raconté une nouvelle fois la bataille dans laquelle l'imam a trouvé la mort, provoquant des sanglots dans la foule vêtue de noir.

Les pèlerins ont ensuite accompli une course rituelle vers le mausolée en se frappant la tête en signe de deuil et en criant: «Nous nous sacrifions pour toi, ô Hussein».

La veille, des chiites qui participaient à une procession dans la ville avaient, fait inhabituel, scandé des slogans hostiles au chef de l'Etat et au gouvernement, qu'ils ont accusés de corruption.

Les commémorations, qui comportaient également une reconstitution de l'attaque qui tua l'imam Hussein, se sont terminées dimanche à 15h00 locales, a constaté un journaliste de l'AFP.

Environ 30 000 membres des forces de sécurité ont été déployés aux entrées de la ville pour assurer la protection des pèlerins, selon le général Othman al-Ghanimi, commandant des opérations dans la zone. Ces forces seront aussi engagées pour les protéger sur le chemin du retour.

Compte tenu des mesures de sécurité dans la ville même, c'est souvent sur la route pour se rendre à Kerbala ou pour en repartir qu'ils sont victimes d'attaques, menées en général par des extrémistes sunnites.

Ces dernières années, les attentats contre les pèlerins au moment de l'Achoura ont fait des dizaines de morts. En 2011, une série d'attaques avait tué 28 personnes et blessé 78 autres la veille de l'apogée de la commémoration du deuil.

Cette année, quelque 2400 véhicules de l'armée ou de la police doivent aider à escorter ou transporter les pèlerins.

C'est la troisième année depuis l'invasion du pays par les États-Unis en 2003 que les forces de sécurité irakiennes supervisent seules l'Achoura.