Le président afghan Hamid Karzaï a accusé les États-Unis d'avoir enfreint un accord clé sur le transfert de milliers de détenus à une prison controversée près de Kaboul, aussi nommée la «Guantanamo d'Afghanistan».



Le gouvernement afghan avait salué en septembre le transfèrement d'environ 3000 prisonniers, notamment des membres présumés des talibans et d'Al-Qaïda écroués avant le 10 mars dernier, à la prison américaine de Bagram, au nord de Kaboul.

Les autorités afghanes avaient fait du contrôle de cette prison une condition pour signer un accord de partenariat stratégique à long terme avec Washington encadrant les relations entre les deux pays après la mission de combat des soldats de l'OTAN fin 2014.

Or des détenus sont toujours écroués par les soldats américains, qui ont de surcroît capturé des insurgés présumés et ce, en violation de l'accord entre les deux pays, a accusé la présidence afghane dans un communiqué diffusé tard dimanche soir.

Hamid Karzaï condamne «une atteinte sérieuse au protocole d'accord» avec les États-Unis, souligne le communiqué. «Le président a demandé au ministre de la Défense, au garde des Sceaux et au commandant en chef de la prison de Bagram de prendre d'urgence toutes les mesures nécessaires pour assurer une "afghanisation" de la gestion de la prison et un transfert complet de son autorité».

Le département d'État américain a répondu lundi que les deux parties avaient des «engagements réciproques» dans ce protocole. Gouvernements afghan et américain doivent «assurer la sécurité des citoyens afghans (et) des forces de la coalition, en gardant en prison les soldats ennemis afin de les empêcher de revenir sur le champ de bataille», a affirmé sa porte-parole Victoria Nuland.

«Nous travaillons encore sur certains cas avec le gouvernement afghan pour nous assurer que les deux parties respectent bien leurs engagements», a-t-elle ajouté sans dire combien de prisonniers étaient concernés ni sur quoi portaient les différends.

Conformément à l'accord entre Kaboul et Washington, les États-Unis avaient transféré le 10 septembre le contrôle de la prison de Bagram aux autorités afghanes, malgré des différends persistants notamment sur le sort de centaines de prisonniers écroués à Bagram après le 9 mars.

Autre divergence, d'après les autorités afghanes, les troupes étrangères n'ont plus le droit d'interpeller et de détenir des citoyens afghans. Or les États-Unis ont estimé en septembre qu'ils disposaient encore de ce droit, «en accord avec les lois internationales et les usages de guerre».

Selon l'accord, les autorités afghanes doivent avertir les Etats-Unis de leur intention de libérer des prisonniers de Bagram et «considérer favorablement» les objections de Washington, qui veut s'assurer que les personnes libérées ne s'engagent pas dans des «activités terroristes».