Des troupes et des chars massés à la frontière entre la bande de Gaza et Israël, 75 000 réservistes de Tsahal rappelés: au troisième jour de l'offensive Pilier de défense, hier, Israël a continué de brandir la menace d'une attaque terrestre contre l'enclave palestinienne, ce qui serait une première depuis la controversée opération Plomb durci, il y a quatre ans.

En matinée aujourd'hui, heure locale, le quartier général du gouvernement du Hamas a été touché par une frappe israélienne, selon un responsable palestinien. L'immeuble a subi d'importants dégâts, d'après les premiers témoins.

Au moment de mettre sous presse, l'offensive israélienne avait fait 27 victimes dans la bande de Gaza en trois jours, tandis que des roquettes palestiniennes avaient tué trois Israéliens dans le sud du pays.

Pour la première fois, hier, les sirènes d'urgence ont sonné à Jérusalem et à Tel-Aviv, alors que les projectiles lancés par les forces armées du Hamas, au pouvoir à Gaza, ont gagné en force et en précision (voir autre texte). «Notre message est simple, a déclaré hier le porte-parole de la branche armée du Hamas, Abou Obeida: il n'y a aucune sécurité pour aucun sioniste, n'importe où en Palestine, et nous prévoyons d'autres surprises.»

L'Égypte, qui a longtemps agi comme négociateur pour la Palestine avec Israël, a dépêché hier son premier ministre, Hesham Kandil, dans la bande de Gaza. Il a visité un hôpital, où un père lui a montré le corps ensanglanté de son enfant, blessé par les attaques israéliennes. En conférence de presse, il était bouleversé et a fait un appel au calme.

Scènes d'horreur

Joint hier par la La Presse, le documentariste et militant anglais Harry Fear, qui est sur place, a affirmé avoir été témoin de scènes d'horreur.

«Dans les hôpitaux, la situation est précaire. Les médecins utilisent de l'équipement désuet et il y a un grand manque de personnel. Certaines zones entourant les hôpitaux ont été bombardées, ce qui fait craindre à de nombreux Palestiniens de s'y rendre pour être soignés», a-t-il raconté.

«Tous les secteurs de Gaza ont été la cible d'attaques. Les gens parlent d'un massacre, ils ont peur. Ces dernières heures, je n'ai pu quitter mon immeuble où j'habite, car la violence à l'extérieur est constante. [...] Le jour, les gens cherchent de la nourriture, ou de l'eau potable. Le soir, ils se cachent. Les rues deviennent des rues fantômes», poursuit M. Fear.

Une jeune Palestinienne, qui a accepté de se confier à La Presse sous le couvert de l'anonymat, a dit entendre les bombes tomber tout près de chez elle.

«Les choses se passent vraiment rapidement. La situation est intense, je peux entendre les bombes jour et nuit. Je ne sais pas ce qui va arriver, j'ai peur», a-t-elle dit.

«J'entends de mon salon le son de la guerre, les gens qui crient. Les bombes explosent dans les rues près de chez moi. [...] Tout ce qu'on peut faire, c'est attendre», a-t-elle ajouté, alors que la ligne menaçait de couper à tout moment.

Manifestation

À Montréal, une centaine de manifestants propalestiniens se sont rassemblés au square Westmount pour tenir une vigile devant le consulat israélien. Ils demandent à Ottawa plus de soutien envers les Palestiniens de la bande de Gaza.

Pour sa part, le premier ministre Stephen Harper a déclaré, lors de son passage à Québec, hier, que le Canada appuyait «le droit d'Israël de se défendre contre de telles attaques terroristes.»

À Washington, le président américain Barack Obama, qui s'est entretenu avec le président israélien Benyamin Nétanyahou et avec le chef d'État égyptien Mohamed Morsi, a de nouveau appelé à la «désescalade» des tensions dans la bande de Gaza.

- Avec La Presse Canadienne et l'Agence France-Presse