Une centaine de manifestants ont marché au centre-ville de Montréal pendant moins d'une heure, hier soir, rue Sainte-Catherine, pour exprimer leur soutien au peuple palestinien de la bande de Gaza.

L'initiative a été lancée en début d'après-midi par le groupe étudiant SPHR Concordia (Solidarity For Palestinian Human Rights), un groupe qui milite fermement pour l'indépendance de la Palestine et l'obtention d'un siège permanent aux Nations unies. En quelques heures, Sara Shaltony, membre du comité exécutif de SPHR, a rallié une centaine d'amis et collègues de l'université et créé une page Facebook, appelant à une mobilisation spontanée. Si elle se dit déçue du nombre peu élevé de personnes qui ont répondu à l'appel, elle demeure convaincue que la mobilisation ne fait que commencer.

«Avec cette manifestation, je veux donner aux Palestiniens l'espace et la chance de montrer leur tristesse, leur colère, leur frustration concernant ce qui se passe présentement dans la bande de Gaza. Il y a une occupation du territoire qui est inadmissible, c'est un apartheid. Si les raids se poursuivent, nous allons nous aussi continuer nos manifestations», prévient la jeune militante, étudiante à l'Université Concordia.

«La bande de Gaza, c'est une prison à ciel ouvert», renchérit son collègue Douglas Smith, étudiant à l'Université de Montréal. «Il faut mettre de la pression pour que la violence ne soit pas normalisée. On le sait, le gouvernement israélien est capable d'en faire beaucoup plus. Il faut le stopper», martèle-t-il.

La petite foule était principalement composée d'étudiants et de quelques familles palestiniennes, qui ont lu l'appel à la manifestation sur les réseaux sociaux.

Parmi eux, une jeune mère a décidé de marcher pour la cause avec ses quatre enfants. Pour elle, il est important de les sensibiliser et de participer à cette marche, même si cela ne fait aucune différence, explique-t-elle.

«Je pense que c'est toujours important de démontrer que nous sommes solidaires. Gaza est une prison. Il y a eu tellement d'oppression, le petit peu que l'on puisse faire, manifester, c'est la moindre des choses», explique Lynn Bechanan, tentant tant bien que mal de divertir aussi son fils aîné, qui sautillait, en ayant bien hâte que la marche commence.

Manifestant juif

Un jeune homme dans la vingtaine, qui se dit de confession juive et qui désire rester anonyme, croit qu'il est difficile pour les Juifs de parler ouvertement contre le régime politique en place en Israël.

«Il y a beaucoup de pression dans la communauté, dit-il, qui fait en sorte que les Juifs de Montréal hésitent avant de critiquer les attaques contre Gaza.»

«Quand je vois ce qui se passe, je sens le besoin de venir ici pour dire que je ne suis pas d'accord. Le gouvernement israélien ne représente pas ce que défend la communauté juive dans son ensemble. Ce n'est pas un conflit religieux, c'est un conflit politique», explique-t-il.

Autre son de cloche sur le site internet de la fédération CJA, groupe juif philanthropique qui a ses racines à Montréal: dans un article signé par son président David J. Cape, l'organisme exprime sa solidarité envers les citoyens d'Israël qui sont attaqués par les tirs de roquettes palestiniennes. La Presse a tenté sans succès de joindre la fédération CJA, hier soir.

Ottawa appuie Israël

Dans la foulée des attaques contre la bande de Gaza, le gouvernement canadien a exprimé son appui à son allié israélien, hier soir.

Selon le ministre canadien des Affaires étrangères, John Baird, Israël a le droit de défendre ses citoyens contre des menaces terroristes. «Trop souvent, le peuple juif se retrouve aux premières lignes dans la lutte contre le terrorisme, qui constitue le grand défi de notre génération. La fin de semaine dernière, plus d'une centaine de roquettes ont été lancées sur des civils dans le sud d'Israël, depuis la bande de Gaza», a-t-il écrit dans un communiqué.

Le Canada a aussi condamné le Hamas, principal parti politique au pouvoir en Palestine, qu'il considère comme un groupe terroriste.