«Depuis 12 ans, nous vivons sous la menace des roquettes, il faut que ça cesse de toute urgence», martèle David Bouskila, maire de Sdérot, ville du sud d'Israël fréquemment visée par des tirs de roquettes de Gaza.

Des dizaines de roquettes ont été tirées de Gaza sur le sud d'Israël depuis samedi. Dimanche en début de soirée, une roquette a provoqué de «gros dégâts» sur une maison de Sdérot touchée de plein fouet, selon la police.

Malgré ces alertes qui se succèdent, les 20 000 habitants de Sdérot n'ont pas changé leurs habitudes. Les écoles sont ouvertes, tout comme la plupart des magasins, même s'il n'y a pas grand monde dans les rues.

«La routine à Sdérot, ce sont les tirs de roquettes. Je ne vais pas fermer à chaque nouveau round de violences entre Gaza et Israël», explique Yossi Peretz, 32 ans, qui tient un café dans le centre-ville.

«Je me suis habitué aux tirs mais ce matin, quand j'ai dû m'allonger sur ma fille de sept ans pour la protéger pendant une alerte, j'ai senti sa peur et je ne peux pas supporter qu'une fillette tremble en allant à l'école», proteste ce natif de la ville.

Si les tirs de Gaza ne sont presque jamais mortels pour les civils, surtout si l'on prend en compte le nombre de projectiles (725 depuis le début 2012, selon l'armée), ils maintiennent plus d'un million d'habitants du Sud dans un état permanent de psychose et de stress.

Dans un entretien avec l'AFP en mars, Abou Ibrahim, un important commandant des Brigades Al-Qods, le bras armé du Jihad islamique palestinien, qui a revendiqué 71 tirs de roquettes ce week-end, s'était félicité de l'instauration d'un «équilibre de la terreur».

«Le fait qu'un million d'Israéliens soient forcés de rester dans les abris et souffrent comme notre peuple est plus important pour nous que les morts», avait-il expliqué.

«Il faut des actes»

Ce dimanche, chaque alerte de sirène provoque des courses effrénées vers les abris, où les habitants ont 15 secondes pour se réfugier.

Kineret Matok, 24 ans, doit se marier dans la soirée. L'alerte l'oblige à quitter précipitamment le fauteuil du salon de coiffure où elle s'apprête.

«Bibi, que fais-tu? Pourquoi une jeune femme doit courir dans des abris le jour de son mariage?», lance la coiffeuse à l'encontre du premier ministre Benjamin Netanyahu.

La future mariée craint pour sa part que l'escalade des violences ne menace la cérémonie: «J'espère que ça va se calmer et que les 500 invités vont tous arriver, mais surtout que nous ne soyons pas forcés de reporter la soirée».

Le ministre de la Sécurité intérieure, Yitzhak Aaronovitch, est venu passer la journée dans la région pour exprimer son soutien aux habitants «mais aussi pour lancer un message clair aux terroristes: ils paieront le prix fort!».

«Il est temps de tout faire pour mettre fin à cette situation insupportable où un million de civils sont otages des terroristes du Hamas», le mouvement islamiste au pouvoir à Gaza, assure le ministre.

Pour M. Bouskila, «ces déclarations ne suffisent pas. Il faut des actes. C'est une honte pour l'État d'Israël que la vie de ses citoyens soit dictée par des terroristes».

M. Netanyahu s'est déclaré dimanche «prêt à l'escalade» après cette nouvelle flambée de violences, qui a fait six morts palestiniens et huit blessés israéliens, dont quatre civils légèrement touchés dans le secteur de Sdérot.