Le Parlement européen a décerné vendredi son prix Sakharov, qui fait figure de Nobel de la paix européen, au cinéaste iranien Jafar Panahi et à sa compatriote l'avocate Nasrin Sotoudeh, tous deux condamnés à de lourdes peines dans leur pays, a annoncé le président du Parlement, Martin Schulz.                

Les présidents des groupes politiques du Parlement, réunis vendredi matin en marge de la session plénière à Strasbourg, ont porté leur choix « à l'unanimité » sur les deux opposants iraniens, plutôt que sur les trois jeunes femmes du groupe russe Pussy Riot, ou sur le dissident bélarusse Ales Beliatski, a précisé M. Schulz.

« Nous voulons par là exprimer notre admiration pour une femme et un homme qui résistent à l'intimidation dont sont victimes les Iraniens », a expliqué l'élu social-démocrate allemand. Selon lui, l'attribution de ce prix doit être interprétée comme un « non très clair au régime iranien », qui « ne respecte aucune des libertés fondamentales ».

Le prix Sakharov pour la liberté de l'esprit, qui sera officiellement remis le 12 décembre lors d'une cérémonie à Strasbourg, récompense chaque année un défenseur des droits de l'homme et de la démocratie. Il est doté de 50 000 euros (environ 64 000 $).

Le cinéaste Jafar Panahi, 52 ans, connu pour ses satires sociales grinçantes, est l'un des cinéastes de la « nouvelle vague » iranienne les plus connus à l'étranger où il a reçu de nombreuses récompenses dans les plus grands festivals. Il a été condamné fin 2010 à six ans de prison et 20 ans d'interdiction de filmer, voyager ou s'exprimer, malgré la mobilisation internationale en sa faveur. Malgré la condamnation, il demeure libre.

Nasrin Sotoudeh, 49 ans, est une avocate d'opposants au régime iranien. Elle a été condamnée en janvier 2011 à 11 ans de prison, ainsi qu'à 20 ans d'interdiction d'exercer son métier d'avocate et de quitter l'Iran, pour « actions contre la sécurité nationale, propagande contre le régime et appartenance au Centre des défenseurs de droits de l'homme » iranien, fondé par le prix Nobel de la paix Shirin Ebadi.

« J'appelle les autorités iraniennes à tout faire pour que Nasrin Sotoudeh et Jafar Panahi puissent venir recevoir ce prix », a insisté M. Schulz.