Le mois de septembre a été le plus meurtrier en Irak en deux ans avec 365 personnes tuées dans les violences qui secouent le pays, embourbé dans une crise politique doublée de graves lacunes dans sa gestion de la sécurité.

Selon des chiffres communiqués lundi par les ministères de la Santé et de l'Intérieur, les violences ont tué au cours du mois écoulé 182 civils, 88 policiers et 95 soldats et blessé 683 personnes - 453 civils, 110 policiers et 120 soldats.

Il s'agit du pire bilan depuis août 2010, où 426 personnes étaient mortes dans les attentats, attaques ou assassinats.

Quoique moins élevés qu'à l'époque du conflit confessionnel de 2006-2008, ces chiffres n'en sont pas moins révélateurs du climat d'instabilité persistant en Irak, à quelques mois du 10e anniversaire de l'invasion américaine de mars 2003.

Encore dimanche, 33 personnes ont péri dans une vague de violences à travers le pays, selon des sources médicales et sécuritaires.

Les 8 et 9 septembre, le pays a connu deux jours noirs : une trentaine d'attentats coordonnés ont visé les forces de sécurité et la population civile, faisant près de 90 morts.

En embuscade, l'État islamique d'Irak (ISI), la branche d'Al-Qaïda dans le pays, a revendiqué cette vague d'attentats, dans la lignée d'une « nouvelle campagne » annoncée en juillet. Son chef, Abou Bakr al-Baghdadi, a dit vouloir s'attaquer aux juges et procureurs et libérer les prisonniers de l'ISI.

De fait, ces dernières semaines, les forces de sécurité ont payé un lourd tribut aux violences.

Lundi, premier jour du mois d'octobre, un attentat à la voiture piégée a visé un général du ministère de l'Intérieur dans le quartier de Mansour à Bagdad. Un passant est mort et quatre personnes ont été blessées.

« Failles des services de renseignement »

En aval, la poursuite des violences, et a fortiori leur aggravation, est à mettre sur le compte du « manque d'équipement des forces de sécurité » et des « failles des services de renseignement », estime Ali Haideri, un spécialiste irakien de la sécurité, interrogé par l'AFP.

Législatif et exécutif sont plus occupés à s'étriller qu'à s'atteler à la mise sur pied de lois sécuritaires, selon lui.

Et, rappelle l'analyste politique Ihsan al-Chamari, Bagdad ne peut plus compter sur la précieuse aide des unités américaines de renseignement, qui ont quitté le pays avec le reste des troupes américaines en décembre 2011 après plus de huit ans de présence.

Le départ des dernières troupes américaines a d'ailleurs coïncidé avec le début d'une grave crise politique dont les effets continuent à se faire ressentir.

Contesté par une coalition hétéroclite d'élus kurdes, de partisans de l'influent dirigeant chiite Moqtada Sadr et du bloc Iraqiya dominé par les sunnites, le premier ministre Nouri al-Maliki, accusé de chercher à monopoliser le pouvoir, a échappé à un vote de défiance au Parlement.

Le vote n'a pas reçu les soutiens nécessaires à son organisation, mais la crise de confiance est toujours là, à laquelle viennent s'ajouter les relations houleuses entre le pouvoir central et le Kurdistan, une région riche en pétrole, en raison de profonds différends sur le dossier des hydrocarbures.

Et la condamnation à mort par contumace par la justice du vice-président Tarek al-Hachémi, a encore envenimé la crise. De Turquie où il est réfugié, M. Hachémi, reconnu coupable d'avoir commandité deux meurtres, n'a de cesse de clamer son innocence et accuse M. Maliki de manipuler l'appareil judiciaire.