Les positions iraniennes sur la question du nucléaire et la crise syrienne ont été contestées sans ménagement jeudi à l'ouverture du sommet des Non-Alignés à Téhéran par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et le président égyptien Mohamed Morsi.

Le guide suprême de la République islamique Ali Khamenei a attaqué l'ONU en ouvrant ce sommet des 120 pays du Mouvement des Non-Alignés dont Téhéran, qui va en assurer la présidence pendant trois ans, espère faire une arme dans sa lutte contre les Occidentaux.

Évoquant les sanctions internationales frappant l'Iran pour son programme nucléaire controversé, l'ayatollah Khamenei a dénoncé la « dictature manifeste » du Conseil de sécurité de l'ONU qui a condamné Téhéran à six reprises depuis 2006.

Cette « structure irrationnelle, injuste et totalement antidémocratique » est « contrôlée par la dictature de quelques pays occidentaux », a-t-il affirmé devant le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon venu assister au sommet malgré les critiques des États-Unis et d'Israël.

Le numéro un iranien a réaffirmé que l'Iran ne chercherait « jamais » à se doter de l'arme nucléaire contrairement à ce que soupçonnent depuis des années les Occidentaux et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Mais il a exclu tout compromis par Téhéran qui « ne renoncera jamais » à son droit à l'énergie nucléaire en dépit des pressions et sanctions internationales.

Ban Ki-moon a répondu quelques minutes plus tard en appelant fermement Téhéran à « se conformer totalement » aux résolutions du Conseil de sécurité lui enjoignant de suspendre certaines activités controversées comme l'enrichissement d'uranium, et à « coopérer pleinement » avec l'AIEA pour lever les doutes sur la finalité réelle de son programme nucléaire.

« Dans l'intérêt de la paix et de la sécurité (...), je demande instamment au gouvernement iranien de prendre les mesures nécessaires pour rétablir la confiance internationale dans le caractère exclusivement pacifique » de ce programme, a-t-il ajouté.

Faute de quoi, s'est-il inquiété, il y a un risque de voir ce dossier « dégénérer rapidement en spirale de violence », Israël n'ayant pas exclu de frapper les sites nucléaires iraniens si les sanctions se révélaient inefficaces tandis que l'Iran a menacé l'État hébreu d'annihilation en cas d'attaque.

Le secrétaire général de l'ONU a vigoureusement dénoncé au passage la rhétorique « raciste » du Guide iranien et du président Mahmoud Ahmadinejad - présents dans la salle - qui appellent régulièrement à la destruction d'Israël ou nient la réalité de l'Holocauste.

« Nier des faits historiques comme l'Holocauste » et « affirmer qu'un autre État membre de l'ONU n'a pas le droit d'exister ou le décrire en des termes racistes est non seulement totalement mal, mais menace également les principes mêmes » de l'ONU, a-t-il averti.

Parallèlement, l'Iran, qui défend farouchement le gouvernement du président Bachar al-Assad dans la crise syrienne, a été pris à contre-pied par le nouveau président islamiste égyptien Mohamed Morsi qui a dénoncé « le régime oppressif qui a perdu sa légitimité », en comparant la situation en Syrie avec la révolution égyptienne qui a balayé l'ancien président Hosni Moubarak en 2011.

Ces déclarations ont provoqué le départ de la délégation syrienne de la salle, et le ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem a accusé M. Morsi d'ingérence dans les affaires syriennes et d'« inciter à la poursuite du bain de sang » en Syrie.

Ce coup d'éclat est intervenu alors que M. Morsi effectuait la première visite en Iran d'un chef d'État égyptien depuis la rupture des relations entre les deux pays en 1980, Téhéran souhaitant protester contre la signature des accords de paix israélo-égyptiens l'année précédente.

Le président égyptien a toutefois fait un geste en direction de Téhéran en réaffirmant que l'Égypte était prête à travailler avec « toutes les parties » pour résoudre la crise syrienne, y compris l'Iran dont les États-Unis et l'opposition syrienne refusent toute présence à la table de négociations.

Avant son départ de Téhéran, M. Morsi s'est entretenu de la Syrie et des relations bilatérales avec M. Ahmadinejad.