Les dirigeants afghans semblent prêts à prendre des mesures fermes pour lutter contre la multiplication des meurtres de militaires de la coalition internationale en Afghanistan par des membres des forces afghanes, qui ont déjà fait 40 morts cette année, a déclaré lundi le chef d'état-major américain.

«Pour la première fois, j'ai trouvé mes homologues afghans aussi inquiets que nous au sujet des "attaques fratricides"», a déclaré le chef de l'état-major interarmés américain, le Général Martin Dempsey, après des discussions avec Kaboul.

«Auparavant, nous devions les pousser pour nous assurer qu'ils en fassent plus» a-t-il déclaré à l'AFP et Fox News.

Le général a rencontré des commandants de la force de l'OTAN et des hauts-gradés afghans, alors que le nombre de "tirs fratricides" a connu une brusque montée.

Dix soldats au total, pour la plupart des Américains, sont morts au cours des deux dernières semaines dans des attaques de ce type, à l'origine de près d'un décès sur quatre dans les rangs de la coalition internationale ce mois-ci.

Les 40 décès depuis le début de l'année représentent 13% des pertes de la coalition internationale en 2012.

Ces attaques ont déconcerté la coalition internationale, qui avait misé sa stratégie sur une collaboration avec les troupes afghanes en vue du retrait de ses troupes au cours des deux prochaines années.

«Nous suivons avec une profonde inquiétude les "tirs fratricides"» en Aghanistan, aussi appelés «green-on-blue incidents», a déclaré le président américain Barack Obama à la Maison Blanche, plaidant pour «faire davantage», notamment sur le plan de la formation des troupes afghanes, qui doivent prendre le relais de l'OTAN fin 2014.

L'OTAN et des officiers américains ont laissé entendre que le gouvernement afghan n'avait pas réussi à résoudre le problème, mais M. Dempsey s'est déclaré «rassuré» à la suite de son entretien avec son homologue afghan, le général Shir Mohammad Karimi.

«Je suis rassuré car les dirigeants afghans, militaires et civils comprennent l'importance du moment» a déclaré Martin Dempsey.

Les insurgés talibans se sont attribué les mérites de ces attaques fratricides alors que selon une enquête interne de l'OTAN, seuls 10% seraient le résultat d'infiltrations.

L'organisation a mis ces incidents sur le compte du fossé culturel, de vendettas personnelles et de la propagande menée par les militants islamistes.

Au cours de la dernière attaque dimanche, un Afghan vêtu d'un uniforme de police a tué un soldat de l'OTAN, dans le sud du pays, peu avant l'arrivée de M. Dempsey, selon l'armée.

Le chef d'état-major américain, qui effectue la première étape de sa tournée en Afghanistan puis en Irak, a déclaré que cette attaque ne modifierait en rien le calendrier de retrait des troupes ni l'accent mis sur la coopération entre les forces de la coalition et les troupes afghanes.

Afin de dissuader les attaques, les forces de la coalition pourraient avoir besoin de développer leur coopération avec les Afghans, plutôt que la réduire, a-t-il dit.

Selon lui, «la vraie clé ne serait pas de faire marche arrière et s'isoler mais de tendre la main et de s'engager davantage.»

Il y a eu 32 attaques fratricides en 2012, qui ont tué 40 soldats de la coalition et fait 69 blessés. En 2011, 16 attaques avaient fait 28 morts et 43 blessés, selon l'OTAN.