Le scénario d'une guerre que pourrait lancer Israël contre l'Iran et son programme nucléaire, évoqué quotidiennement par les médias israéliens, coûterait très cher à l'économie israélienne qui subit d'ores et déjà un net ralentissement de sa croissance.

Parmi les dirigeants israéliens, seul le gouverneur de la Banque d'Israël Stanley Fischer s'est exprimé publiquement sur cette question en affirmant que son institution avait pris ses dispositions.

«Une attaque contre l'Iran aurait de graves répercussions, mais nous sommes prêts à faire face aux crises et aux conséquences d'une telle initiative», a assuré M. Fischer sans donner de détails.

Le gouverneur s'est contenté d'indiquer qu'un conflit ne manquerait pas de provoquer une hausse du budget de la Défense.

«La responsabilité primordiale de chaque pays consiste à assurer la sécurité de ses citoyens. S'il faut débourser plus d'argent pour assurer la sécurité de l'Etat, nous le ferons et nous en paierons le prix», a-t-il ajouté.

Interrogé par l'AFP, un responsable de la Banque centrale a précisé qu'Israël disposait d'un «confortable» matelas de devises étrangères de 75,3 milliards de dollars.

«Ce pactole devrait nous permettre de financer sans à-coups nos importations en cas de guerre et de défendre éventuellement le shekel (la devise nationale)», a-t-il analysé, en requérant l'anonymat.

Du côté de l'Association des industriels israéliens, le ton est également plutôt rassurant.

«Pour le moment, les chefs d'entreprise sont plutôt inquiets des risques de récession provoqués par la crise de l'euro», explique Danny Catarivas, responsable des relations internationales de la principale organisation patronale.

M. Catarivas rappelle également que lors de la Seconde guerre du Liban de l'été 2006, lorsque le Hezbollah avait tiré plus de 4000 roquettes vers le nord d'Israël, contraignant un million d'habitants de cette région à se réfugier dans les abris ou dans le sud du pays, «l'économie avait connu un léger passage à vide avant de se redresser et connaître une fin d'année meilleure que prévu».

Bourse nerveuse

Les médias dressent, en revanche, un tableau beaucoup plus sombre en notant notamment que la Bourse de Tel-Aviv, très nerveuse, a connu une série de séances en berne.

Le shekel, qui pourrait selon les commentateurs être la «première victime d'une guerre qui n'a pas encore commencé», donne également des signes de faiblesse face au dollar et à l'euro.

Un porte-parole de l'Association des hôteliers israéliens confie pour sa part que «l'impact des rumeurs d'une guerre imminente commence à se faire sentir» alors que l'année 2012 s'annonçait au premier semestre sous les meilleurs auspices.

Channel 10, chaîne de TV privée, citant des experts militaires, a estimé que 50 000 missiles et roquettes tirés de l'Iran, ou par le Hezbollah à partir du Liban, pourraient s'abattre sur le territoire israélien.

Le coût de chaque jour de guerre est évalué à 1,5 milliard de shekels (370 millions de dollars) à condition toutefois que seule la moitié de l'économie israélienne soit paralysée par des attaques qui pourraient suivre des raids israéliens contre les installations nucléaires iraniennes.

Ces dépenses, et le manque à gagner, contraindraient le Trésor à procéder à de nouvelles coupes claires dans les budgets civils pour augmenter les crédits militaires alors que le budget de la Défense, qui devait initialement s'élever à 52 milliards de shekels (13 milliards de dollars) devrait en fin de compte atteindre 60 milliards de shekels (15 milliards de dollars) cette année même si aucun conflit n'éclate.

Or le gouvernement a d'ores et déjà imposé le mois dernier un plan d'austérité, avec notamment une augmentation d'un point de la TVA qui affecte surtout les classes les plus défavorisées, à la suite d'une baisse des recettes fiscales dues à un recul de moitié de la croissance. Celle-ci devrait atteindre en 2012 2,3%, contre 4,7% en 2011, selon les projections de la banque Hapoalim).