Le Pakistan et l'Afghanistan discutent d'une possible prochaine libération du mollah Baradar, un haut responsable de l'ancien régime des talibans qui pourrait faciliter le processus de paix en Afghanistan, a annoncé vendredi le gouvernement pakistanais.

Abdul Ghani Baradar, un puissant commandant militaire décrit par certains comme le numéro deux de la rébellion afghane derrière le mollah Mohammad Omar, avait été arrêté en février 2010 à Karachi, la mégalopole du Sud du Pakistan.

Le gouvernement afghan, qui tente en vain depuis des années d'ouvrir des négociations avec les talibans, a plusieurs fois estimé que la détention de Baradar, considéré comme relativement «modéré», avait nui à ces efforts de paix.

«Le sort des prisonniers est en discussion entre les deux pays», a déclaré à la presse un porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères, Moazzam Ahmad Khan, en réponse à une question sur les demandes afghanes de libération du mollah Baradar, sans toutefois citer son nom.

Baradar est le plus important dirigeant taliban à avoir été capturé depuis la chute du régime des «étudiants en religion», chassés du pouvoir en Afghanistan en novembre 2001 par une coalition internationale menée par les États-Unis.

Recherchés par Washington, nombre de dirigeants talibans avaient alors trouvé refuge au Pakistan voisin, l'un des trois seuls pays, avec l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, à avoir reconnu le régime fondamentaliste afghan.

Ils doivent depuis vivre discrètement ou caché sous la menace des autorités pakistanaises, allié officiel de Washington mais également accusé de soutenir le mouvement taliban pour préserver ses futurs intérêts stratégiques en Afghanistan.

Selon plusieurs experts du dossier et sources proches de la rébellion, le mollah Baradar, décrit comme un proche du mollah Omar, le commandant suprême des talibans, voulait, avant son arrestation, dégager les talibans de l'influence pakistanaise, ainsi que de celle d'Al-Qaïda. Il était également prêt selon certains à amorcer des discussions de paix avec le gouvernement de Kaboul, soutenu par une force de l'OTAN qui prévoit de se retirer d'ici à la fin 2014.