Le nombre de victimes civiles du conflit afghan a baissé cette année pour la première fois depuis 5 ans, après plus d'une décennie de conflit et alors que la coalition de l'OTAN menée par les États-Unis prévoit de quitter le pays d'ici la fin 2014, selon un rapport de l'ONU.

Le conflit n'a toutefois pas baissé d'intensité, l'OTAN ayant récemment relevé une augmentation du nombre d'attaques attribuées aux rebelles talibans, alors que les incidents se multiplient autour de la capitale Kaboul.

D'après une étude publiée mercredi par la mission de l'ONU en Afghanistan (Unama), 1145 personnes ont été tuées et 1954 blessées entre le 1er janvier et le 30 juin 2012, soit 3099 victimes, contre 3654 - dont 1510 tués - au premier semestre 2011. Soit une baisse de 15% d'une année sur l'autre.

«C'est la première fois que nous assistons à un déclin soutenu du nombre de victimes civiles. Cela inverse la tendance de forte augmentation observée ces cinq dernières années», a observé James Rodehaver, chef du département des Droits de l'homme de l'Unama, lors d'une conférence de presse à Kaboul.

Les forces anti-gouvernementales, menées par les talibans, sont selon l'Unama responsables de 80% de ces morts et blessés, contre 10% pour les forces pro-gouvernementales (armée et police afghanes, aidées par la coalition de l'OTAN), les 10% restants étant incertains.

Un tiers des pertes est imputable aux explosions de mines artisanales, l'arme favorite des talibans, tandis que femmes et enfants constituent 30% des victimes (925 tués et/ou blessés), peut-on lire dans le rapport. L'Unama évalue le nombre de déplacés internes du conflit à 114 900, soit 14% de plus sur un an.

«L'affaiblissement des forces anti-gouvernementales», attaquées par l'OTAN et les forces afghanes, et le facteur météorologique - le dernier hiver afghan, très rude, a «entravé les capacités opérationnelles des insurgés» - permettent de comprendre la réduction du nombre de victimes civiles, affirme-t-elle.

Des disputes internes à la rébellion sont aussi une explication «possible» du phénomène, souligne le texte: «Malgré l'annonce publique le 2 mai 2012 du début des opérations de printemps et de leur voeux d'accroître des attaques, les talibans n'ont pas atteint le rythme apparemment voulu par leur direction».

Le nombre de victimes des forces afghanes et étrangères a aussi fortement diminué -- de 25% d'une année sur l'autre -- passant de 255 tués et 138 blessés dans les six premiers mois de 2011 à 165 tués et 131 blessés en 2012.

Fin mai, le chef de l'Unama Jean Kubis avait déjà fait état d'une baisse de 21% du nombre de civils tués sur les quatre premiers mois de 2012.

La force internationale de l'OTAN en Afghanistan (Isaf) enregistre en parallèle moins de pertes: le nombre de soldats étrangers morts à la fin du premier semestre est passé de 282 en 2011 à 220 cette année, selon un décompte du site indépendant icasualties.org.

De telles nouvelles ne doivent toutefois pas pousser à trop d'optimisme.

Malgré la présence de 130 000 soldats de l'Isaf, en soutien aux 352 000 militaires et policiers afghans, le gouvernement de Kaboul et ses alliés de l'Isaf n'ont pas réussi, après dix années de combats, à vaincre l'insurrection.

L'Isaf a rapporté la semaine dernière que le nombre d'attaques talibanes avait augmenté de 11% entre avril et juin par rapport à la même période de 2011, en recensant plus de 100 en juin, un record en près de deux ans. Les forces afghanes, censées prendre le relais de l'Isaf après 2014, sont particulièrement visées et meurtries.

Mercredi matin, trois soldats, vraisemblablement américains, sont morts lors d'un double attentat suicide dans la province de Kunar.

Mardi, deux attentats avaient tué neuf civils et blessé une vingtaine de personnes, dont trois soldats de l'OTAN près de Kaboul, confirmant une activité croissante des talibans autour de la capitale qui fait craindre à la population une nouvelle guerre civile après le retrait occidental.