Le roi Abdallah d'Arabie saoudite a choisi lundi son demi-frère, Salmane, 76 ans, prince héritier en remplacement de Nayef ben Abdel Aziz, décédé en Suisse, une nomination sans surprise qui consacre la continuité à la tête de la dynastie des Al-Saoud.

Le monarque a nommé Salmane comme «prince héritier et vice-premier ministre» tout en le maintenant au poste de ministre de la Défense, ont indiqué les médias saoudiens, trois jours après l'annonce du décès du prince Nayef.

Le roi a en même temps nommé le prince Ahmed ben Abdel Aziz, l'un de ses demi-frères, au poste de ministre de l'Intérieur qu'occupait jusqu'à sa mort le prince Nayef.

Le nouveau ministre a longuement servi à l'ombre du prince Nayef qui s'est occupé des questions sécuritaires pendant 37 ans et qui était considéré comme l'architecte de la politique de lutte contre Al-Qaïda.

Le prince Salmane était devenu ministre de la Défense en octobre après la mort du prince héritier Sultan, qui détenait aussi ce poste ministériel.

Il s'agissait alors du premier poste ministériel pour le prince Salmane qui a été gouverneur de Ryad pendant près de cinquante ans et avait à ce poste présidé au développement de la capitale en arbitrant en même temps les différends au sein de la famille royale.

En accédant au ministère de la Défense, le prince Salmane a cédé le poste de gouverneur de Ryad à l'un de ses frères, le prince Sattam ben Abdel Aziz.

Le choix du nouveau prince héritier ne semble pas avoir été soumis au «Conseil d'allégeance» établi en 2006 pour institutionnaliser le processus de transition.

Le décret royal portant la nomination indique simplement que le roi Abdallah a fait son choix après avoir consulté le règlement intérieur de cette institution.

Constitué de 35 princes, le conseil est présidé par le doyen des Al-Saoud, le prince Mechaal ben Abdel Aziz, demi-frère du roi Abdallah. Lors du décès du prince Sultan, il y a huit mois, le roi Abdallah s'était borné à informer «le Conseil d'allégeance» de sa décision de nommer le prince Nayef.

Prochaine génération

Le prince Nayef, demi-frère du roi Abdallah, est décédé samedi de «problèmes cardiaques» alors qu'il se trouvait en Suisse.

Le décès du deuxième prince héritier en l'espace de huit mois illustre le vieillissement de la dynastie des Al-Saoud, qui dirige la principale puissance pétrolière mondiale, dans une région en pleine mutation politique.

Le roi Abdallah est lui-même âgé de 88 ans, et est apparu à la télévision samedi et dimanche voûté et marchant à l'aide d'une canne.

Le prince Nayef était considéré comme un homme à poigne qui a dirigé pendant 37 ans le ministère de l'Intérieur, supervisant la lutte contre Al-Qaïda et sévissant contre toute forme d'opposition à la dynastie.

Il entretenait de bonnes relations avec les milieux religieux tenants de l'orthodoxie et généralement opposés à une évolution du royaume ultra-conservateur. Il était le partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Iran et défendait une politique musclée vis-à-vis de la minorité chiite du royaume.

Le décès de deux des figures marquantes des Al-Saoud en l'espace de huit mois pose, selon les spécialistes, la question du rajeunissement de cette dynastie conservatrice.

«Le plus important est maintenant le passage à la prochaine génération de dirigeants, et il y a un groupe de candidats plus jeunes qui commencent à s'imposer», souligne Eleanor Gillespie, de la lettre confidentielle Gulf States Newsletter basée à Londres.

Jusqu'à présent, cinq des fils du roi Abdel Aziz se sont déjà succédé à la tête du pays depuis sa mort en 1953. Dix-huit des fils du roi sont toujours en vie, selon des spécialistes, mais peu d'entre eux sont considérés comme d'éventuels futurs rois.