Les États-Unis refusent de libérer l'espion juif américain Jonathan Pollard, car ils soupçonnent Israël d'avoir caché l'existence d'autres agents sur leur territoire, a indiqué lundi l'ancien ambassadeur d'Israël à Washington Itamar Rabinovitch.

« Les Américains soupçonnent que Jonathan Pollard n'était pas seul, qu'il y a eu d'autres Pollard et qu'Israël malgré toutes ses promesses n'a pas dévoilé toutes ses cartes », a affirmé M. Rabinovitch à la radio publique.

« Ils (punissent) Israël sur le dos de Pollard et expriment leur colère contre Israël plus que contre Pollard », a ajouté l'ex-diplomate.

Ancien analyste de la marine américaine, Jonathan Pollard a été condamné en 1987 à la prison à perpétuité pour avoir fourni à Israël des milliers de documents classés « secret défense » entre mai 1984 et son arrestation en novembre 1985.

Interrogé sur la présence de taupes israéliennes aux États-Unis, M. Rabinovitch s'est contenté de répondre : « je crains que oui ». Il a également affirmé qu'à sa « connaissance, Israël n'a pas tout dit » dans l'affaire Pollard.

Dans une mise au point adressée par courriel à l'AFP, M. Rabinovitch a ensuite indiqué que ses propos avaient été « mal compris » par la radio. Il a précisé qu'en prononçant les mots « je crains que », il s'inquiétait du fait que ces allégations risquaient d'être répandues par les opposants à Israël.

« Durant toutes mes rencontres avec les Américains, il n'y a jamais eu la moindre plainte formulée par eux à l'encontre d'officiels israéliens. «Les rumeurs, les rumeurs malveillantes, c'est autre chose», a-t-il conclu.

L'affaire Pollard est survenue bien avant la nomination en 1992 de M. Rabinovitch au poste d'ambassadeur à Washington.

Selon le commentateur de la radio, c'est la première fois qu'un ancien responsable israélien de ce niveau évoque la possibilité que d'autres taupes israéliennes aient été actives aux États-Unis.

M. Rabinovitch a également affirmé que lorsqu'il était ambassadeur, les responsables américains n'avaient pas évoqué directement la possibilité de la présence d'autres taupes israéliennes. « Mais ils nous l'ont fait comprendre », a ajouté l'ex-ambassadeur.

M. Rabinovitch a fait ces déclarations au moment du lancement d'une campagne en Israël pour obtenir la libération de Jonathan Pollard.

Une pétition signée par 70 000 personnes de gauche et de droite appelant le président israélien Shimon Peres à demander à son homologue Barack Obama de gracier l'espion a été rendue publique dimanche.

M. Peres est parti samedi soir pour Washington, où il doit recevoir mercredi à la Maison-Blanche la prestigieuse Médaille de la Liberté américaine.

Pollard a obtenu la nationalité israélienne et en 1998, il a été officiellement reconnu par l'État hébreu comme un espion israélien. Depuis, les nombreux efforts d'Israël pour obtenir sa libération se sont heurtés à une fin de non-recevoir.