Les Palestiniens vont aller à l'Assemblée générale de l'ONU pour demander le statut d'État non membre, faute d'avoir pu obtenir une reconnaissance pleine par le Conseil de sécurité, a déclaré vendredi le président palestinien Mahmoud Abbas à Paris.

« Nous allons aller à l'Assemblée générale, car nous sommes allés devant le Conseil de sécurité, malheureusement nous n'avons pas obtenu les votes nécessaires », a déclaré M. Abbas lors d'une conférence de presse avec le président français François Hollande qu'il rencontrait pour la première fois.

« Donc à présent, si nous ne retournons pas aux négociations (avec Israël), nous allons bien sûr aller à l'Assemblée générale pour obtenir le statut de non membre », a-t-il dit, en ajoutant que « la Suisse et le Vatican (étaient) passés par là ».

Les Palestiniens choisiront cette voie « si toutes les autres tentatives de négociations (avec Israël) ne réussissent pas », a-t-il précisé. « Nous avons essayé le Conseil de sécurité et malheureusement, nous n'avons pas obtenu le nombre de voix suffisantes », a-t-il également rappelé.

Israël et les États-Unis sont opposés à la demande d'adhésion déposée le 23 septembre par M. Abbas, estimant qu'un État palestinien ne peut être le résultat que d'un accord de paix israélo-palestinien.

Les États non membres de l'ONU peuvent obtenir un statut d'observateur, aussi accordé à des organisations internationales et à l'Union européenne. La Suisse a été observateur avant d'adhérer à l'ONU en 2002.

« La France a reconnu l'État palestinien à l'UNESCO, bientôt viendra le temps où la France reconnaîtra l'État palestinien », a également affirmé Mahmoud Abbas.

Le 31 octobre 2011, les Palestiniens avaient été admis à l'UNESCO, avec l'assentiment, notamment, de la France, alors sous présidence de Nicolas Sarkozy.

Au cours de cette conférence de presse, M. Abbas a regretté de n'avoir « pas pu convaincre les Israéliens d'arrêter la colonisation ».

« Nous leur avons dit que s'ils acceptaient de libérer les prisonniers et permettaient d'importer les armes pour la police palestinienne, nous pourrions nous asseoir autour de la table » avec eux, a-t-il affirmé.

Alors que quelque 1550 Palestiniens détenus en Israël ont mis fin le 14 mai à une grève de la faim en échange d'un assouplissement des conditions de leur détention, il a rappelé que le mouvement est poursuivi par deux Gazaouis, le footballeur Mahmoud El Sarsak et Akram Rikhawi, en détention administrative et dont « la libération immédiate » a été demandée vendredi à Israël par un expert de l'ONU.

M. Hollande a souligné de son côté que la France cherche avant tout à « être utile » pour relancer le processus de paix entre Israël et les Palestiniens qui peut, seul, aboutir à la reconnaissance d'un État palestinien.

« Aujourd'hui, nous devons tout faire pour reconnaître l'État palestinien à travers un processus de négociations. Ce qu'attendent les Palestiniens, ce n'est pas une proclamation, c'est qu'il puisse y avoir, au terme d'un processus de négociations avec les Israéliens et un accord de paix, la reconnaissance de l'État palestinien », a déclaré M. Hollande.

« Nous avons de bonnes relations avec les Israéliens et avec l'Autorité palestinienne, ce qui nous permet de faire passer un certain nombre de messages et de faciliter la reprise du dialogue (...). Nous avons à chercher à être utiles », a poursuivi le président français.

« C'est ça, la position de la France : être utile, faire en sorte que nous puissions donner des sécurités, et aux uns et aux autres. Sécurité pour les Israéliens de vivre en paix dans des frontières sûres et puis sécurité pour que les Palestiniens sachent bien que c'est au bout de la négociation que se trouvera la reconnaissance », a-t-il insisté.

À propos de la demande d'armes pour la police palestinienne, François Hollande a fait observer qu'il était « normal que les Israéliens aient des inquiétudes » et « prennent des garanties ».