Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne, réunis à Bruxelles, ont adopté lundi une déclaration critiquant durement la politique israélienne de colonisation en Cisjordanie et dénoncé l'«extrémisme» et la «violence» des colons.

La politique de colonisation en Cisjordanie menace de rendre «impossible» l'existence de deux Etats, israélien et palestinien, vivant côte à côte, affirme l'UE dans un communiqué.

L'UE dénonce notamment «l'accélération» de la politique de colonisation enregistrée, selon elle, depuis la fin du moratoire sur la colonisation en 2010.

L'ONG anticolonisation israélienne Shalom Archav (La Paix Maintenant) a fait état lundi de la confirmation de projets de construction de quelque 2000 logements dans le quartier de colonisation de Gilo, à Jérusalem-Est annexée.

«Un plan de 942 logements a été déposé jeudi (dernier) pour l'enquête d'utilité publique, avec une option pour 300 autres ultérieurement», a précisé à l'AFP une spécialiste du dossier, Hagit Ofran, en précisant qu'un autre projet de 900 unités devait être débattu mardi prochain par une commission du ministère de l'Intérieur.

L'UE critique également le fait que le gouvernement de Benjamin Nétanyahou ait décidé de reloger les colons de Migron, un avant-poste situé en Cisjordanie, sur des terres privées palestiniennes. Les Européens condamnent aussi les destructions de maisons palestiniennes à Jérusalem-Est.

«Les conditions de vie des Palestiniens s'aggravent» dans la partie de la Cisjordanie administrée par Israël, déplore l'UE qui s'inquiète en outre des «sérieuses limitations» imposées par les Israéliens à l'Autorité palestinienne pour promouvoir le développement économique en Cisjordanie occupée.

La politique de colonisation des Territoires palestiniens est «illégale» selon le droit international, rappelle l'UE qui dit ne reconnaître «aucune modification» au tracé des frontières d'avant la guerre de 1967, y compris concernant Jérusalem, à moins qu'elle ne soit agréée par les deux parties.

Le statut de Jérusalem doit être réglé par la négociation, ont souligné les Européens qui expriment aussi leur «profonde préoccupation» concernant «l'extrémisme» des colons juifs.

«L'UE condamne la violence continue des colons et les provocations délibérées contre des civils palestiniens», dit la déclaration. Les coupables de ces violences doivent être traduits en justice et «le gouvernement israélien doit se conformer à ses obligations en vertu du droit international», souligne le texte.

En réponse, le ministère israélien des Affaires étrangères a fustigé la déclaration européenne qui, selon lui, «comprend une longue liste d'allégations et de critiques basées sur un tableau partial, biaisé et à sens unique de la réalité sur le terrain».

«Une telle présentation publique ne contribue pas à faire avancer le processus de paix», déplore le communiqué israélien.

Les négociations directes entre Israël et les Palestiniens sont gelées depuis septembre 2010 à la suite du refus du gouvernement Nétanyahou de prolonger son moratoire sur la colonisation en Cisjordanie.

En revanche, la position de l'UE a été saluée comme «très exhaustive et politiquement responsable» par l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).

A Bruxelles, l'ONG Oxfam a salué une critique «sans précédent» de l'UE contre la politique israélienne. «Il s'agit d'un rejet complet des politiques israéliennes successives en Cisjordanie occupée», a estimé Tidhar Wald, conseiller à la politique humanitaire d'Oxfam pour l'UE. «Cela démontre l'engagement continu de l'Europe en faveur d'une solution juste et durable au conflit israélo-palestinien», a-t-il ajouté.