Les prisonniers palestiniens en Israël et l'administration pénitentiaire ont signé lundi un accord sous médiation égyptienne pour lever la grève de la faim de plus d'un millier de détenus palestiniens, un mouvement inédit dont la prolongation risquait de dégénérer en violences.

Israël a accédé aux trois principales revendications des grévistes: levée de la détention administrative, de l'isolement carcéral et autorisation des visites pour les prisonniers originaires de Gaza, en échange d'un engagement signé à «s'abstenir de tout acte de terrorisme» ainsi que de toute nouvelle grève de la faim.

«Tous les mouvements palestiniens ont signé un accord dans la prison d'Ashkelon (sud d'Israël) pour arrêter la grève de la faim», a déclaré à l'AFP le président du Club des prisonniers palestiniens, Qaddoura Farès.

«Les principales divergences portaient sur la détention administrative, l'isolement carcéral et les visites de Gaza», a-t-il rappelé, précisant qu'un «haut responsable militaire égyptien avait participé» aux négociations.

Une source palestinienne proche du dossier avait indiqué dimanche soir qu'un accord avait été conclu au Caire, précisant qu'il devait encore être ratifié par les détenus.

Au moins un tiers des quelque 4700 détenus palestiniens d'Israël (dont près de 310 en détention administrative) étaient en grève de la faim à la suite d'un mouvement collectif lancé le 17 avril, sept autres ayant cessé de s'alimenter depuis un mois et demi à deux mois et demi.

La porte-parole de l'administration pénitentiaire israélienne, Sivan Weizman, a confirmé la conclusion d'un accord «conclu à la suite d'ententes formulées ces derniers jours».

Le service de sécurité intérieure, le Shin Bet, a affirmé dans un communiqué que «tous les détenus administratifs cessaient leur grève de la faim», ce qui concerne les deux grévistes de plus longue durée, qui en étaient à leur 76e jour.

«Tous les détenus administratifs seront libérés à l'issue de leur période de détention en cours, à moins que de nouvelles preuves ne soient présentées contre eux», selon le texte.

Les délégués des prisonniers ont signé un engagement à «s'abstenir de toute activité constituant un soutien effectif au terrorisme», souligne le Shin Bet, citant notamment le recrutement ou le financement d'opérations, précisant que leur paraphe engage «tous les prisonniers de sécurité, de toutes les organisations et dans toutes les prisons israéliennes».

L'accord prévoit une clause d'annulation en cas «d'activité contre la sécurité à l'intérieur des prisons ou de reprise des grèves» de la faim.

«En réponse à la demande du président palestinien Mahmoud Abbas, Israël a négocié l'arrêt de la grève de la faim», a déclaré à l'AFP le porte-parole du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, Mark Regev, disant «espérer que ce geste servira à établir la confiance entre les parties et conduire à la paix».

Le sort des prisonniers a dominé la rencontre du président palestinien samedi soir avec Yitzhak Molcho, l'émissaire personnel de M. Nétanyahou, venu lui remettre une lettre sur le processus de paix.

M. Abbas a mis en garde dimanche contre «une énorme catastrophe» en cas de décès d'un des grévistes de la faim.

Une dirigeante de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Hanane Achraoui, a salué «la victoire des grévistes de la faim» dans un communiqué, estimant qu'elle démontrait que «la résistance non violente est un outil essentiel dans notre lutte pour la liberté».

Les détenus réclament l'abolition de l'isolement carcéral et de la détention administrative, qui permet l'incarcération sans inculpation ni jugement pour des périodes de six mois renouvelables indéfiniment, ainsi que des visites pour les prisonniers de Gaza.