Un ministre israélien a suggéré dimanche d'interrompre la fourniture d'électricité à la bande de Gaza, gouvernée par le mouvement islamiste Hamas, dans la perspective d'une pénurie cet été en Israël.

«La production d'électricité sera plus faible que la demande cet été. Nous envisageons d'utiliser des moyens de production plus polluants et des sources d'énergie alternatives, comme l'énergie solaire, mais nous devrons peut-être aussi procéder à des coupures d'électricité», a déclaré le ministre de l'Environnement, Gilad Erdan, à la radio militaire.

«Si nous sommes dans cette situation, il serait absurde que les Israéliens soient les premiers touchés alors que dans le même temps nous continuons à fournir gratuitement de l'électricité à Gaza», a expliqué M. Erdan, apparemment en allusion aux retards de paiements de l'Autorité palestinienne, qui achète les 120 mégawatts fournis par Israël à Gaza via des lignes à haute tension.

Cela permettrait à Israël «d'économiser 4% de sa production», a précisé M. Erdan, un proche du premier ministre Benyamin Nétanyahou.

Le ministre a présenté cette proposition dans une lettre à ses collègues, qui devaient discuter dimanche en Conseil des ministres des solutions à une possible pénurie d'électricité pendant l'été.

Le Hamas en a appelé à la solidarité arabe face à ce «chantage» israélien.

«Les pays arabes, en particulier l'Égypte, doivent répondre à ce chantage sioniste par la création d'un filet de sécurité pour les habitants de Gaza», a affirmé un porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, dans un communiqué.

La bande de Gaza sort de plus de deux mois de pénurie d'électricité aiguë, provoquée par l'interruption de la contrebande de carburant en provenance d'Égypte alimentant son unique centrale électrique, qui s'est traduite par des coupures de 18 heures par jour.

Cette crise a été résolue début avril grâce à un accord entre le gouvernement du Hamas et l'Autorité palestinienne prévoyant la livraison de 500 000 litres par jour de carburant pour la centrale, dont le coût est couvert par les recettes collectées par la Compagnie d'électricité de Gaza.

Selon l'ONU, la demande maximale du territoire est estimée à 360 mégawatts, dont 120 fournis par Israël, 22 par l'Égypte et 80 produits par la centrale.

Les dirigeants israéliens menacent régulièrement de couper l'approvisionnement en électricité à Gaza, prévu dans les accords d'Oslo, à titre de rétorsion envers le Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans l'enclave palestinienne.

La situation énergétique d'Israël, qui produit 40% de son électricité à partir du gaz naturel, s'est dégradée après la décision de l'Égypte en avril de dénoncer un contrat d'exportation de gaz. Le gouvernement égyptien s'est néanmoins dit prêt à reprendre ses ventes à Israël, à des conditions plus favorables.